Trente-cinq photographies et autant de messages de paix et d’espérance. À l’occasion des 80 ans de la libération des camps de concentration et d’extermination, la photographe Karine Sicard Bouvatier est de retour à Paris avec “Déporté, j’avais ton âge : une histoire européenne”. Son exposition est l’extension d’un premier projet cantonné à la France. Elle présente, cette fois, des portraits croisés de survivants européens de la Shoah aux côtés de jeunes ayant leur âge au moment de leur déportation. Entre la fin de 2023 et décembre 2024, la photographe a engagé une course contre la montre dans 13 pays européens pour retrouver des rescapés aujourd’hui très âgés et des jeunes sans lien de parenté avec eux. “La Roumanie, la Slovaquie, la Grèce…” liste-t-elle. Et de préciser qu’un quart des personnes qu’elle a immortalisées avaient été déportées parce qu’elles étaient dans la Résistance et dans trois quarts parce qu’elles étaient juives.  

Désireuse d’apporter un témoignage précis sur la déportation, Karine Sicard Bouvatier souhaitait également que le public ne voie pas seulement ces témoins de l’histoire comme des personnes âgées. Trouver les jeunes n’a pas été simple. Aidée par les ambassades françaises, des écoles juives locales, le bouche-à-oreille ou même des appels lancés sur les réseaux sociaux, la photographe s’est parfois heurtée à des refus. Il n’est, en effet, pas toujours simple pour des parents d’imaginer qu’à une autre époque leur enfant aurait pu faire partie des déportés. “Ce n’était pas évident, mais une sorte de grâce m’a aidée ou soutenue. Je suis croyante pratiquante, je pense avoir été accompagnée d’une certaine manière”, commente Karine Sicard Bouvatier. 

“Un message de paix”

Pour ne rien gâcher, derrière les portraits se cachent “des rencontres formidables”, mais aussi “des similitudes et des ressemblances frappantes” selon ceux qui ont déjà vu l’exposition présentée à l’Assemblée nationale puis à Orléans. “Une petite robe dans les mêmes tons, les mêmes petites baskets et parfois même des airs assez touchants”, détaille la photographe, dont l’exposition sera ensuite présentée en Roumanie, en Allemagne puis à Arles et Bobigny. Là, seuls dix portraits de rescapés partis de la gare devenue un mémorial seront […]