Bien sûr, des prix ont été remis tout au long de la soirée du lundi 6 mai. Mais la cérémonie des Molières a aussi servi à faire passer des messages. L’humoriste Caroline Vigneaux, maîtresse de cérémonie, ne s’est pas fait prier, rapporte TV5 Monde. “Merci à tout le monde sauf à Madame la ministre ! Vous nous récupérez les 204 millions d’euros [en moins sur le budget de la culture], vous ne touchez pas à l’intermittence. Et on vous libère à temps pour la mairie de Paris ! » a-t-elle lancé. Rachida Dati lui a répondu par un grand sourire et un pouce levé. Plus tôt dans la soirée, cette dernière avait posté une vidéo dans laquelle elle affirmait que “le régime de l’intermittence […] [devait] être préservé”. Elle invitait aussi à développer les “collaborations” entre théâtre public et privé.
Mais d’autres ont tenu à faire passer des messages. Un comédien de la CGT Spectacle a, par exemple, mis en garde contre “les compagnies de théâtre […] en faillite, les dizaines de milliers d’emplois […] menacés”. “C’est un plan de licenciement massif qui ne dit pas son nom”, a-t-il souligné.
Violences sexistes et sexuelles
Au fil de la cérémonie organisée au sein du théâtre des Folies Bergère, dans le 9e arrondissement de Paris, il a aussi été question du soutien à apporter au spectacle vivant et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Celle-ci a notamment pris la forme d’un trombinoscope géant sur lequel il était écrit : “Vous n’êtes pas seul.es.”
Récompensé par un Molière d’honneur, Francis Huster, 76 ans, a loué “les vraies héroïnes” des pièces de Molière, ses personnages féminins. Et de citer “Agnès, Elvire, Armande, Célimène, Toinette, Nicole, Dorine” qui ont osé “dénoncer et triompher de ces lâches, Tartuffe violeur, hypocrite Orgon, Harpagon avare pervers, Jourdain obsédé par le fric et le sexe, Arnolphe prédateur pédophile, Argan détraqué et jusqu’à Dom Juan tueur sans remords”. Sa tirade lui a valu une ovation debout.
Combat pour la liberté
Certaines récompenses avaient aussi une connotation politique. La pièce intitulée 4 211 km d’Aïla Navidi, qui raconte l’exil d’une famille iranienne et son combat pour la liberté, a été récompensée deux fois. Elle a obtenu le Molière du meilleur spectacle du théâtre privé et celui de la révélation féminine. Olivia Pavlou-Graham, actrice et metteuse en scène, en a profité pour appeler à libérer le rappeur iranien Toomaj Salehi, condamné à mort dans son pays.
Le Cercle des poètes disparus, pièce inspirée du film, a également reçu deux récompenses (Meilleure mise en scène et révélation masculine pour Ethan Oliel). Quant à Vincent Dedienne, il a reçu le Molière du meilleur comédien dans un spectacle de théâtre privé pour Un chapeau de paille d’Italie. Côté théâtre public, Micha Lescot (Richard II), a été récompensé.
Sophia Aram, Cristiana Reali, Vanessa Cailhol
L’humoriste Sophia Aram a, quant à elle, obtenu le Molière de l’humour. Un peu plus tôt, elle avait évoqué le conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas. “Si nous appelons tous ici à un cessez-le-feu, comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ?” avait-elle interrogé. Enfin, le Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé a été décerné à Cristiana Reali (Un tramway nommé Désir). Celui de la comédienne dans un spectacle de théâtre public a été attribué à Vanessa Cailhol (Courgette, qui était nommée sept fois).