Un adolescent dont la mère est absente toute la journée, la mère dévouée d’un repris de justice, une infirmière de nuit épuisée qui fume une cigarette, devant l’hôpital, pour se redonner du courage, ce n’est pas un inventaire à la Prévert mais les personnages que Benchetrit met en scène pour donner un autre regard sur les cités banlieusardes. On peut y voir aussi Dédé qui bavarde toujours avec son copain devant l’entrée de l’immeuble ou sur son toit. Il rend de multiples services comme ouvrir une porte lorsqu’on a oublié la clef à l’intérieur. Il suffit de crier par la fenêtre pour l’appeler. Non, il n’est pas serrurier, mais il sait faire.
« Trois histoires de chutes » dit Benchetrit de son film, elles sont menées en parallèle, mais trois chutes bien différentes : Fauteuil roulant dû à un excès d’exercice sur un vélo d’appartement pour Sternkowitz, le solitaire aigri du premier étage ; il ne voulait pas donner un sou pour la réparation de l’ascenseur et devait donc en principe renoncer à l’utiliser ; il ne peut désormais sortir qu’en cachette, tard dans la nuit pour ne pas être vu l’utilisant. Descente brutale dans l’échelle des classes sociales pour Jeanne Meyer, comédienne qui déménage dans l’immeuble et n’ouvre pas ses cartons, persuadée qu’elle va retrouver un rôle de jeune première alors qu’elle n’en a plus l’âge. Atterrissage en catastrophe, sur le toit, d’un astronaute américain perdu par la NASA, ne connaissant pas un mot de français et voué impérativement à rester incognito. […]