Elle y travaille maintenant en tant qu’Assistante à maîtrise d’ouvrage (AMO) et nous raconte comment ce bâtiment historique a enrichi et élargi sa vision de l’architecture.
Cette jeune femme, après une classe préparatoire littéraire, étudie six ans à l’école d’architecture de Paris-Belleville. Il aura suffi d’une coupure de journal, d’une photo du gymnase et d’une seule visite du lieu pour la décider à consacrer deux années à ses recherches et à la rédaction de 200 pages sur le foyer et le centre culturel et associatif. Des YMCA, elle ne connaissait que la chanson, et pourtant cette initiative historique de quelques jeunes protestants l’a séduite. Lors de ses études, elle souhaite aller plus loin que la dimension technique de l’architecture et s’intéresse alors à son aspect historique et patrimonial. Elle passe donc ses années de master plongée dans la lecture des archives protestantes, françaises et américaines, ou concentrée sur la rédaction finale du mémoire. « Pour moi le mémoire était une étape important » s’enthousiasme Christelle « c’était le moment de mes études où je pouvais écrire ».
Après avoir effectué ce travail pour lequel elle a reçu un Prix de la fédération française de basketball, elle décide de contacter l’association pour leur proposer ses services en tant qu’AMO. « Le travail initié par mon mémoire de master n’est pas du tout fini » explique-t-elle, « il y a encore plein de choses à découvrir sur les fascinantes histoires du bâtiment, et sur le mouvement YMCA en général ». Et c’est en travaillant pour l’association que Christelle peut continuer à explorer l’histoire du 14 rue de Trévise tout en visant à lui assurer le meilleur pour l’avenir.
Projet de rénovation d’ampleur
À la suite de l’explosion dans la rue en janvier, les dégâts se révèlent importants et Christelle gère les travaux post-sinistres. Aujourd’hui, elle s’occupe également du projet de rénovation d’ampleur lancé en 2018. Son travail s’effectue au 14 rue de Trévise, mais aussi dans les deux autres foyers YMCA, rue Blomet et rue de Naples, depuis la fusion des associations UCJG et UCJF (Union Chrétienne de jeunes filles). Plus récemment, c’est un autre foyer patrimonial d’origine protestante (le FIE, Foyer international des étudiantes) qui l’a également missionnée. Le patrimoine des bâtiments la passionne. Et rue de Trévise, l’histoire ne manque pas ! « C’est bien plus qu’un gymnase. Il y a une histoire du sport, mais aussi une histoire culturelle, une histoire religieuse, une histoire architecturale. »
Elle souhaite écrire un livre dans quelques années pour partager ce riche passé. Aux UCJG, elle prend plaisir à la transmission et aux relations humaines. Par exemple, elle propose des visites guidées du bâtiment. Si cela se déroulait au départ dans le cadre des Journées du Patrimoine, la demande s’est accrue et elle essaie maintenant d’en organiser une par mois… Visites qui plaisent autant aux visiteurs qu’à leur guide !
En tant qu’architecte, être à son compte permet à Christelle Bertho de dépasser l’architecture telle qu’elle l’a apprise à l’école et de mettre en avant l’aspect relationnel de son métier. « Être architecte, c’est être chef d’orchestre, c’est parler plein de langues en même temps ». Effectivement, le professionnel dessine des plans, mais il dialogue aussi avec les clients, monte des projets en équipe, négocie avec les services d’urbanisme, s’assure du bon déroulement du chantier avec les ouvriers, et la liste est encore longue. La place du contact humain est donc majeure dans le travail de Christelle. « Pour moi l’architecture c’est avant tout une aventure humaine. » Elle passe certes beaucoup de temps devant son ordinateur, mais discuter, interagir et rencontrer des gens est ce qu’elle trouve le plus enrichissant et la raison pour laquelle elle fait ce métier.