Les frères Coen ne sont jamais vraiment là où on les attend. Après Inside Llewyn Davis de 2013, odyssée d’un musicien loser new-yorkais, drôle mais pathétique à la fois, ils renouent dans ce film avec le genre des farces grinçantes, grimaçantes et complètement déjantées, comme une suite tardive de Barton Fink où ils divaguaient allègrement sur les affres du métier de scénariste dans les années 40 à Hollywood.

Ce film peut paraître déconcertant car il est inclassable. Il n’est pas tout à fait une satire car il est aussi un hommage à cet âge d’or d’Hollywood. La réalité et la fiction sont si intimement mêlées qu’on ne sait plus si on est dans l’une ou dans l’autre. En effet, ce n’est pas un film linéaire car il y a le film dans le film ; mais le film lui-même a sa part d’irréalité, notamment dans l’épisode d’un sous-marin soviétique venu de nulle part et qui émerge pour chercher un scénariste communiste qui fait un saut, ainsi que son chien, complètement invraisemblable pour atteindre l’échelle du sous-marin. D’autant moins linéaire qu’il se présente presque, mais sans le dire, comme un film à sketches. […]