« Haroun : Héraut du rire 2.0 ». On ne rigole pas quand on interviewe Haroun, prévient Le Parisien. Le comble pour un humoriste. Le style du sniper de 36 ans, adoubé par Jean-Pierre Bacri, Alain Chabat ou Christine Angot, est « impeccable », même si son analyse des failles de notre société casse les codes de l’humour. Sujets brûlants, fausse candeur : sur internet ses vidéos sont devenues iconiques et font des millions de vues.
« On écoute, on réfléchit. On parle littérature et philosophie : De Hannah Arendt, sa lecture du moment, de Céline et son marquant « Voyage au bout de la nuit ». Il prend son temps pour répondre, n’expédie aucune question. La superficialité, très peu pour lui. »*
Antisémitisme, racisme, islamophobie : « Peut-on rire de tout » ? La question classique posée par l’humoriste Haroun dans la série « En rire », à un prêtre, un rabbin – Delphine Horvilleur -, un imam, un champion paralympique, une sociologue féministe, et d’autres, n’est proposée que sur les réseaux sociaux de Brut via Facebook, et traitée d’une manière aussi profonde qu’originale : Dieu a-t-il le sens de l’humour ? Pour ceux qui ont découvert l’humoriste au théâtre Le République en 2018, c’est entendu. Si Dieu se produisait sur scène, il pourrait avoir l’attitude d’Haroun. En 2020, « calmement mais sûrement, Haroun est en train de devenir l’un des mecs les plus drôles du pays ».
« Pasquinade », la plateforme dédiée à son cercle d’humoristes « impertinents » (Kyan Khojandi, l’auteur de « Bref ») est son dernier pari fou pour proposer des spectacles sans intermédiaires et contourner les géants du Web. « Pasquinade », précise Télérama : le mot, oublié, désigne un pamphlet satirique ou les facéties d’un bouffon. Le site, où il propose ses spectacles (Internet etc., En vrac) est un espace de liberté artistique totale : « Je ne voulais pas composer avec une chaîne ou une plateforme qui m’auraient stipulé ce que j’ai le droit ou pas de dire. Je voulais être libre, et la seule façon de l’être, c’était de créer mes propres outils. » Inventer de nouveaux modèles économiques, en cette période très critique pour les acteurs de la culture, est devenu incontournable : « Le stand-uppeur réinvente la pratique de l’humour, en proposant des contenus inédits, en développant un lien étroit avec son public via les réseaux sociaux ou en diffusant gratuitement des spectacles en live sur Internet ».
Dieu a-t-il de l’humour ?
« J’ai un public assez fidèle qui ne me suit pas que pour l’humour » (l’humoriste philosophe).
« Il me semble que Dieu est celui qui a le plus d’humour, estime le rabbin Marc-Alain Ouaknin. « Pourquoi ? Parce que si Dieu existe, c’est l’homme qui L’a fabriqué, et si l’homme a de l’humour, alors Dieu en a. Les hommes qui ont de l’humour ont un Dieu qui a de l’humour. Les hommes qui n’ont pas d’humour ont un Dieu qui n’a pas d’humour. En fait, les hommes ont le Dieu qu’ils méritent ».
*« Haroun ou le rire intelligement idiot », AFP : https://youtu.be/bgYxpn6phKU ; https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/humour-je-veux-etre-impeccable-confie-haroun-07-11-2019-8188119.php
** https://www.lejdd.fr/Culture/Spectacle/haroun-ne-badine-pas-avec-lhumour-3651743