Orsay s’est allié avec le musée Fabre de Montpellier et la National Gallery of Art de Washington pour cette grande exposition Bazille. Ce sont les chanceux Montpelliérains qui ont pu d’abord admirer les œuvres cet été, avant leur migration automnale à Paris. Engagé volontaire dans l’armée au moment de la guerre franco-prussienne de 1870, Bazille meurt à quelques jours de ses 29 ans, ayant tout juste eu le temps de terminer quelques œuvres majeures, qui ont fait date dans l’histoire de l’impressionnisme.

Vocation précoce

Fils de notables protestants, Bazille n’était certainement pas destiné à la peinture. Son père était sénateur et sa mère avait hérité d’une propriété agricole : si le jeune homme prit très tôt des cours de peinture, il s’inscrivit d’abord en médecine pour faire plaisir à ses parents. Cependant, après l’échec de ses premiers examens, il réussit à les convaincre de le laisser se consacrer à la peinture. Cela lui permet de louer des ateliers dans Paris, mais aussi d’en sortir pour peindre dehors avec ses amis, d’après nature ce qui sera une des caractéristiques de l’impressionnisme. Et quels amis ! Nous sommes à la fin du règne de Napoléon III, où la peinture de style « pompier » triomphe dans les salons. Le petit groupe de peintres autour de Bazille cherche autre chose. Leurs noms sont Manet, Renoir, Monet, Fantin-Latour, Degas, Sisley, Berthe Morisot, Cézanne, Pissaro… Tous triompheront bien plus tard sur le goût bourgeois.

Naissance d’une œuvre

Bazille a laissé 50 tableaux, dont 46 ont été réunis pour l’exposition, c’est-à-dire la presque totalité. Après les tâtonnements des premières toiles, on assiste à la naissance d’une œuvre qui aurait pu être majeure si l’artiste n’était pas mort si jeune. La recherche du jeune homme n’en est pas moins intéressante. Retournant chaque été dans la propriété familiale, Bazille se fait le peintre du soleil, des petits villages perchés, d’Aigues-Mortes mais aussi des portraits de famille, dont la très connue Réunion de famille, pour lequel tous les siens ont posé. L’exposition présente aussi des tableaux de ses amis pour montrer combien ils pouvaient s’inspirer les uns les autres, peindre le même sujet par exemple. Bazille lui-même a été portraituré par eux, dont Monet et Renoir, qui l’a représenté en plein travail.

Patriote, Bazille s’est engagé pour défendre la France. L’uniforme de zouave qu’il portait le jour de sa mort a été pieusement conservé et est exposé. Il est émouvant de penser à ce si jeune homme, mort en 1870, qui ne connaîtra pas la bataille autour d’Impression, soleil levant de Monet, exposé en 1874. C’est dire si le titre de l’exposition Bazille, la jeunesse de l’impressionnisme est bien choisi, car l’artiste n’aura assisté qu’aux prémices de ce nouveau style artistique. Il y aurait certainement tenu une grande place, si l’on se réfère à l’un de ses derniers tableaux Ruth et Booz (thème biblique mais aussi probablement inspiré par le célèbre poème de Victor Hugo, Booz endormi).

Ne laissez pas échapper l’occasion de voir cette exposition, car de nombreuses toiles viennent des États-Unis et du musée Fabre : qui sait quand elles pourront à nouveau être réunies ?

  • Bazille, la jeunesse de l’impressionnisme
    Jusqu’au 5 mars au Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur Paris VIIe
    Tlj sauf lundi de 9h30 à 18h, jeudi jusqu’à 21h45.

Presse régionale protestante

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