Plutôt que de vouloir raconter chronologiquement l’histoire de Bob Marley, le scénario se concentre sur les 5 années allant de 1976 à 1981 entourant la sortie de l’album Exodus, alors qu’il est déjà la plus grande superstar jamaïcaine grâce à sa musique avec les Wailers. Le pays est au bord de la guerre civile, avec un conflit politique qui menace de déchirer le pays. Marley organise donc un grand festival de musique appelé « Smile Jamaica » pour tenter de rassembler le pays. Ce projet ne plaît pas à tout le monde et, après une tentative d’assassinat, Marley décide de quitter le pays et de s’installer en Angleterre, en proie à ses propres troubles politiques.

Rita Marley, la partenaire et confidente

Réalisé par Reinaldo Marcus Green (La Méthode Williams), Bob Marley : One love nous donne à découvrir comment le chanteur des Wailers a confronté l’adversité pour forger son identité artistique et humaine. Bien que son histoire soit riche en anecdotes, Green s’intéresse aux événements qui ont entouré son ascension et son succès en tant qu’artiste. Le film examine également la relation entre Bob et Rita d’une manière inédite. Rita Marley, membre des Wailers et choriste sur de nombreuses chansons, a joué un rôle déterminant dans la vie de Bob. Partenaire et confidente, elle sera un point d’ancrage influençant son succès. Le film alterne naturellement entre passé et présent, à l’époque où Rita et Bob n’étaient que des adolescents amoureux. La façon dont ils ont transformé leur amitié en une idylle naissante nous aide aussi à comprendre comment ils ont réussi à préserver leur mariage.

Mais la bande-son, faite de ses chansons emblématiques (One Love, Exodus, Redemption Song, No woman no cry…) reste naturellement le cœur battant, servant la narration comme personnage secondaire et cadre de référence. Pour Marley, la musique était une expérience transcendante dotée d’un potentiel politique, où Dieu et la Bible restent toujours l’appui solide. Ainsi Green se concentre davantage sur la musique qui a soutenu l’homme plutôt que sur l’homme derrière la musique.

C’est aussi tout un pan de l’histoire jamaïquaine qui se dévoile pour, finalement, nous rappeler que la musique, comme la foi, a le pouvoir d’inspirer, d’unir et de changer le monde.

Le travail de Ben-Adir (qui avait joué le rôle de Malcolm X dans One Night in Miami et a marqué aussi plus récemment dans Barbie) pour son interprétation de Marley est assez spectaculaire. Il ne voulait pas auditionner pour ce film si la famille Marley n’était pas impliquée. Il voulait également qu’aucun aspect de ce récit ne soit édulcoré. Selon les notes de presse des studios Paramount, Ziggy Marley, qui s’est impliqué sur le film, a déclaré : « Lorsque j’ai rencontré Kingsley, j’ai su que c’était un homme capable. Il avait l’esprit, l’énergie, les capacités, le respect et l’engagement nécessaires. » Néanmoins, il convient d’accorder autant d’attention à Lashana Lynch (The Woman King, Mourir peut attendre, The Marvels…) tout à fait impeccable dans le rôle de Rita.

La Jamaïque et le Londres des années 70

Si le film s’essouffle par moment, il y a tout de même toujours une chanson qui redonne du tonus au spectateur, qu’il s’agisse d’un concert important, d’un moment où le groupe improvise en studio ou simplement Bob à la guitare. D’un point de vue technique, notons aussi que l’équipe de Green a fait un travail remarquable, notamment en recréant la Jamaïque et le Londres des années 70. L’équilibre trouvé entre les différents aspects de la vie de Marley est solide, tout comme la maîtrise de l’humour et du drame. La décision de se concentrer sur une période singulière de la vie de Bob Marley est très payante, ce qui donne un film globalement bien rythmé. Le style narratif des événements crée juste assez de drame pour être attractif, sans perdre son sens de l’authenticité.

C’est un film qui essaie d’être beaucoup de choses à la fois mais qui réussit finalement à les rassembler dans une histoire inspirante et épique, où il nous est rappelé que la musique, comme la foi, a le pouvoir d’inspirer, d’unir et de changer le monde.