Ce 23 mai restera pour moi le jour de la présentation d’un film bouleversant, véritable coup de cœur de ce Festival de Cannes.

Misako aime décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Son métier d’audiodescriptrice de films, c’est toute sa vie. Lors d’une projection, elle rencontre un célèbre photographe dont la vue se détériore irrémédiablement. Naissent alors des sentiments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit.

Si la célèbre phrase de St Exupéry « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux » peut faire admirablement écho à ce qui nous est proposé dans ce Vers la lumière, une autre phrase ressort avec une certaine majesté de ce film : « Rien n’est plus beau que ce que l’on a sous les yeux et qui s’apprête à disparaître ». C’est bien ce que ressent ce photographe renommé en train de voir sa vie se plonger dans l’obscurité. Lui, cet expert et amoureux de la lumière, s’enfonce dans le noir et voit le sens de sa vie lui échapper. Et c’est là qu’il croise le chemin de cette jeune et jolie Misako qui cherche de tout son cœur à dire ce qui est invisible pour d’autre au travers de son métier. Dans le même temps, elle voit sa vie marquée par l’absence d’un père aimé dont seul quelques souvenirs restent et la maladie attaquer sa mère vieillissante.

Le métier de Misako, peut-être montré pour la première fois de la sorte au cinéma, et la cécité grandissante de Masaya, offrent à la réalisatrice japonaise un terrain propice pour construire un petit chef d’œuvre tout en contrastes, d’une justesse incroyable et tellement émouvant. On pendra aussi du plaisir à voir aborder avec amour et originalité photographie et cinéma comme une vraie thématique. Nous avons même le droit à une forme d’explication de ce que devrait être une analyse filmique lors d’une séance de travail avec les aveugles pour tester l’audiodescription de Misako. De même, l’utilisation d’un film dans le film donne une vraie valeur ajoutée, apportant la force d’un symbolisme supplémentaire à l’histoire, autour de la question de la perception du réel, du pouvoir de l’image.

Tout est quasi parfait, de la photo (qui joue évidemment un rôle fondamental vu le sujet) à la musique d’une délicatesse délicieuse signée par le grand Ibrahim Maalouf, de la maitrise des acteurs au scénario et jusqu’au montage. Le film n’est de plus pas trop long (ce qui est de plus en plus rare)… c’est donc pour moi un 20 sur 20 et l’espoir de le voir figurer au palmarès de la meilleure des façons. Peut-être aussi que les membres du Jury œcuménique y seront sensibles car avec cet hymne à la lumière, à l’amour, à la vie… il y a matière à rejoindre les critères particuliers de ce jury. Mais tout ça ne nous appartient pas… alors suspense encore jusqu’à la fin de ce beau Festival.

Je conclurai avec les mots de Naomi Kawase : « Sans lumière, pas de couleurs. Sans lumière, pas d’images. Sans lumière, impossible de réaliser un film. On pourrait dire que le cinéma est lumière. »

Alors merci à elle pour tant de lumière, et ce superbe film !

Sortie prévue le 20/09/2017 … Notez bien dans vos agendas !