C’est le cas de « I Can Only Imagine », le titre du groupe MercyMe de 2001, qui deviendra le single chrétien le plus vendu de tous les temps. C’est ce que nous raconte « La voix du pardon » qui sort en France ce mercredi 22/05.

Synopsis : Au Texas, Bart Millard, 10 ans, abandonné par sa mère, doit subir au quotidien la violence d’un père alcoolique. Des années plus tard au lycée, sa passion pour la musique lui donne l’occasion de s’évader loin de son père, avec son groupe. Mais pour s’accomplir en tant qu’artiste , il va devoir affronter son passé. Trouvera-t-il assez de foi pour pardonner à son père ?  Découvrez l’histoire vraie du chanteur Bart Millard, auteur du double disque de platine : I Can Only Imagine.

Si la chanson de Bart Millard a été écrite en quelques minutes par une nuit remplie d’émotions, son inspiration se forge dans l’expérience d’une vie… Le film dépeint de façon assez réaliste les conséquences d’une rupture émotionnelle, à savoir l’abandon d’une mère, mais aussi comment les blessures personnelles profondes d’un homme peuvent entraver son parcours de vie. Avec ces éléments de base, le film devient alors une histoire de rédemption, de guérison, un témoignage vivifiant ! Mais l’un des points forts de La voix du pardon (on pourra regretter ce titre français qui ne focalise que sur un aspect de l’histoire) est aussi de ne pas se contenter de ces aspects psychologiques et spirituels mais de nous plonger aussi dans l’univers particulier de l’industrie de la musique chrétienne contemporaine américaine. Une découverte sans doute pour beaucoup et une immersion sympathique pour tous ceux qui connaissent.

Alors, il faut le préciser… le film revisite l’histoire de Bart et n’est pas le récit exact des faits. Mais ce n’est pas un documentaire, et bien que les réalisateurs de films dits « chrétiens » soient peut-être tenus à un niveau d’honnêteté plus élevé que leurs homologues d’Hollywood, c’est une pratique courante pour les biographies, pour simplifier les détails factuels dans un but dramatique. Dans le cas des frères Erwin, réalisateurs de Woodlawn, ces gars ont une assez bonne idée de ce qui fonctionne pour leur public – et ce qui fonctionne, c’est l’adversité, l’humilité, la gentillesse désintéressée et l’idée que la force inexplicable que la plupart des scénaristes considèrent habituellement comme le destin est en fait un élément du grand projet de Dieu envers ses enfants.

Ainsi, tout en empruntant des détails réels aux mémoires de Millard (publiés un mois avant la sortie du film aux USA), Jon Erwin et le co-scénariste Brent McCorkle ont traité l’histoire à la façon d’une parabole, soulignant comment la foi de ce petit garçon du Texas – découverte lors d’un camp de vacances organisé par l’Eglise baptiste de la ville, où il rencontrera aussi Shannon, lui a donné le courage de gérer les coups physiques et psychologiques de son père et finalement réaliser ses rêves malgré les épreuves et ses propres bêtises. 

Ceux qui me connaissent savent que je suis extrêmement réservé sur ces films de studios chrétiens américains, ne servant généralement que la cause évangélisatrice dont ils sont porteurs et oubliant, hélas, que le cinéma est un art. C’est donc avec une certaine perplexité que je me suis rendu à une projection de presse de La voix du pardon, et je dois avouer que, pour une fois, je n’ai pas été déçu. Même si ce n’est pas un chef d’œuvre tout de même, c’est un film réussi et très agréable, globalement bien interprété et surtout bien réalisé. Pour ce qui est du fond, il n’y a pas d’excès « spiritualisant » à deux balles (permettez-moi l’expression) et l’ensemble sonne vrai et permet de réelles émotions.

Un film à voir, donc, comme un beau témoignage touchant plein de grâce et de groove.