Le réalisateur le plus vénéré par la cinéphilie mondiale accompagné par trois des principales figures de l’actuel star-system ont fait trembler les Marches rouges cannoises. Mais c’est surtout le résultat artistique qui nous intéresse, celui d’un film conçu avec nostalgie pure dans le Los Angeles de 1969, qui devient par la même occasion « année Tarantino » (Gainsbourg l’aurait sans doute aimé). De l’humour à gogo, un amour immense pour le septième art, la culture TV et la musique du moment font de « Once upon a time in Hollywood » un must du genre.

Synopsis officiel : En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus. 

Bourré de clins d’œil, de références en tous genres… Once upon a time in Hollywood commence avec un vieux logo de Columbia et pendant près de trois heures, ça n’arrête pas : des voyages sur l’ancienne compagnie aérienne Pan Am, des cinémas drive-ins et ses grandes salles de ciné de L.A., des enseignes avec néons éblouissants, des Cadillacs et de nombreuses voitures décapotables, une fête au manoir Playboy, le Spahn Ranch abandonné où les westerns étaient filmés puis où le clan Manson s’était installé, les vieux studios hollywoodiens, un mobile home près d’un puit de pétrole, une image cynique des hippies, un trip au LSD, sans oublier l’adorable PittBull de Brad Pitt (qui peut déjà se lécher les babines de la Palme Dog inévitablement promise…)

Et puis il y a la multitude de références cinématographiques et télévisuelles…  directes ou indirectes, évidentes ou plus réservées aux initiés : les westerns spaghettis à la sauce Leone ou Corbucci ; Lady in Cement (1968) avec Sinatra et Raquel Welch ; Pendulum (1969) avec George Peppard et Jean Seberg ; The Wrecking Crew (1968) avec Dean Martin et Sharon Tate ; Three in the Attic (1968) et The Mercenary (1968). Plusieurs séries (Mannix, Combat, The F.B.I.), des bandes dessinées, des radios de l’époque qui sont écoutées en différé, les fameuses voix off des actualités ou des bandes annonces et forcément de nombreuses stars du cinéma qui apparaissent dans l’intrigue : Sharon Tate (interprété par la séduisante Margot Robbie), Steve McQueen (Damian Lewis), Bruce Lee (Mike Moh), le gang Manson (dont l’un des personnages est joué par Lena Dunham et Margaret Qualley dans le rôle de la jolie Pussycat). Mais au cœur du film, il y a une amitié qui n’est que pure fiction : Leonardo DiCaprio est Rick Dalton, un acteur de télévision trop émotif et buveur qui craint que son temps ne soit révolu, tandis que Brad Pitt est Cliff Booth, son cascadeur, son conducteur et son ami. Les co-stars sont excellents ensemble ; il est difficile de ne pas penser à l’énergie du meilleur couple précédent dans un film de Tarantino, John Travolta et Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction. Petite mention particulière, qui me tient à cœur, à Bruce Dern qui joue un tout petit rôle dans un face à face avec Brad Pitt qui devient une scène sublime au milieu du film. Et puis, comme dans tous les films de Tarantino, la bande son est évidemment énorme. Et ça n’arrête presque jamais enchainant tubes sur tubes pour une immersion musicale et visuelle dans cette année 69.

Pour le fond de l’histoire, je n’en dirai pas plus respectant la demande de Quentin Tarantino pour laisser la même fraicheur qui était la mienne en entrant dans la salle aux spectateurs que vous serez sans doute dans quelques mois. Mais si vous êtes vraiment curieux, d’autres seront moins scrupuleux et vous pourrez trouver de quoi rassasier ce vilain défaut assez facilement. En tout cas, il est clair que Tarantino aime jouer avec l’Histoire, la revisiter, quitte à en faire un prétexte pour nous offrir un film festif, ludique, nostalgique, fascinant et drôle.