Après avoir sauvé « Bohemian Rhapsody », le biopic sur le groupe Queen, lorsque Bryan Singer a été viré, le cinéaste britannique récidive avec un artiste marquant de la musique pop mais de façon radicalement différente.

Synopsis : Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale. Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John. Son histoire inspirante –  sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale. 

Avec Rocketman, Dexter Fletcher nous offre une comédie musicale délicieuse, parfois fantastique, qui fait un excellent usage des chansons les plus admirées d’Elton John. Jouant avec la chronologie, Rocketman est totalement décalé, plein de numéros sensationnellement chorégraphiés, la musique ayant été réinventée pour le film par Giles Martin. Taron Egerton, dans une performance totalement bluffante, ne se fait pas passer pour Elton John, il s’incarne littéralement ; il ne fait pas de la synchro-labiale, il chante véritablement, apportant une authenticité remarquable. Les succès sont mis en scène sous forme de chorégraphies et de danses élaborées, pleines de couleurs, façon La La Land, qui jaillissent spontanément de l’action.

Le film commence avec un Elton John, âgé d’une trentaine d’années, costumé en diable orange, qui se lance dans une séance de thérapie de groupe. Argument intelligent pour permettre à l’artiste de nous avouer toutes sortes de dépendances et raconter sa vie. Un dispositif qui permet par ailleurs toutes sortes de libertés et de fantasmes dans le récit. Car, précisons-le, si le film de Dexter Fletcher couvre les bases de la vie du chanteur, il ne s’en tient pas strictement aux faits.

Nous remontons à son enfance, à sa mère distraite et à son père totalement hermétique et sans la moindre expression de tendresse paternelle. C’est aussi la découverte de son génie, la rencontre cruciale avec celui qui deviendra son parolier, Bernie Taupin (interprété par Jamie Bell), son ascension vers la gloire et la richesse, son premier amant John Reid (Richard Madden) devenu son manager pendant plusieurs années, et sa chute pour et à cause de lui. Cette rupture sentimentale contribue à la situation pitoyable qui l’amène en désintoxication et tout cela nous ramène finalement là où nous avions commencé.

Au-delà de l’extravagance du personnage, le cinéaste nous présente beaucoup de sentiment douloureux, de plaies béantes et surtout cette recherche brute de l’amour qu’il n’a jamais eu dans son enfance. Et c’est alors, que le message devient plus large, voire universel… quelque soit la richesse ou la pauvreté, la célébrité, les paillettes ou non.

« Aussi longtemps que je me souvienne, je me suis toujours détesté », admet-il. Dans ce malheur, et comme c’est souvent le cas, il a laissé malgré tout son génie créateur s’exprimer. Ce qui nous a donné tant de chansons (une vingtaine d’entre elles sont explorées et interprétées ici) – et nous donne maintenant non pas un document inerte de cette lutte mais une nouvelle œuvre d’art à part entière. 

Avec le titre final, I’m Still Standing, tourné sur la Croisette à Cannes – Rocketman est l’histoire d’un « survivant », comme le dit la chanson. Et c’est quelque chose que Fletcher nous présente de façon explosive. Oui Rocketman a bel et bien fait mouche sous le ciel cannois !