Dans un monde en bouillonnement continuel où les tensions, les guerres et les violences de toutes sortes façonnent un quotidien aux contours marqués par la peur, il est parfois utile et bon de fixer notre regard sur le « secondaire ». Rien de nouveau sous le soleil ! « Panem et circenses », disait-on dans les temps anciens. Les jeux du cirque, avant ceux de Paris, sont d’abord dans le Sud. Les flashs crépitent et le tapis rouge accueille les stars sur la Croisette. Le théâtre Lumière devient salle obscure pour que les images s’impriment sur son écran. Le 77e Festival de Cannes est ouvert, mesdames messieurs… Silence : on regarde et on décerne des prix.
Mais croire que tout cela ne serait que paillettes et confettis occulterait ce que l’art, et son 7e notamment, offre à l’âme humaine. Car si pour beaucoup la fonction initiale et principale du cinéma est le divertissement, les films sont des œuvres témoins de la société dont elles parlent, cet « œil ouvert sur le monde » qu’évoque le réalisateur américain du Silence des Agneaux, Jonathan Demme.
Les films comme les paraboles permettent au spectateur, à l’auditeur, de voir la vie avec plus de clarté.
Ils offrent un défi existentiel à « ceux qui ont des oreilles pour entendre » (et des yeux pour voir). Un palmarès cannois dit quelque chose du monde dans lequel nous vivons, nous donne à mieux discerner, ouvre des chemins possibles pour nous tenir debout et résister. Derrière les strass et le clinquant se révèlent certaines œuvres fortes et nécessaires, et c’est sur cela que mon œil se fixera.
Jean-Luc Gadreau, journaliste, pour « L’œil de Réforme »
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