Expositin à l’Institut du monde arabe, à Paris, jusqu’au 14 janvier 2018.

C’est trop souvent à travers une actualité dramatique que nous entendons parler des chrétiens d’Orient, et ce depuis de longues années déjà. Attentats, enlèvements, esclavage, morts et destructions, nous avons oublié que cela ne doit pas seulement résumer la vie de ces communautés. C’est bien à partir du bassin méditerranéen oriental que la religion chrétienne s’est répandue et vit encore, tant bien que mal selon les pays. L’Institut du monde arabe rend justice à ces Églises et ces fidèles en racontant leur histoire jusqu’à nos jours et en montrant de nombreux objets d’une valeur inestimable.

Majoritaires mais divisés

Une précision tout d’abord : l’histoire racontée est celle des pays arabes ; elle exclut donc l’Arménie, la Géorgie, l’Éthiopie et la Turquie, où il y aurait eu aussi beaucoup à dire et montrer sur les chrétiens. Réduit à cet espace géographique, le christianisme oriental est déjà bien assez riche, d’autant qu’il est mal connu. Saluons donc le gros effort pédagogique réalisé pour expliquer le développement géographique du christianisme dans ces régions. Dès la conversion de Constantin, il devient religion officielle dans ce qui est encore l’empire romain. Les premiers conciles aboutissent aux divisions en plusieurs Églises, avec de violents conflits qui éclatent notamment sur la nature du Christ (homme et/ou Dieu). C’est semble-t-il ces divisions qui expliquent en partie la rapidité de la conquête arabe au VIIe siècle.

Minoritaires mais résistants

Plus ou moins lentement, les populations vont se convertir à la religion musulmane ; un noyau dur, variable selon les conditions de vie, reste fidèle au christianisme et maintient à travers
les siècles foi et culture. L’exposition met bien en valeur cette double richesse, à la fois cultuelle et culturelle. À chacun son ou ses Églises, ses saints, ses traditions et ses œuvres d’art. Parmi celles présentées ici, certaines sont tout à fait exceptionnelles : fresques du IIIe siècle provenant de Doura Europos (Syrie), mosaïques, stèles, manuscrits sacrés, portraits de moines ou icônes. Avec la domination arabe (turque pendant quelques siècles), les chrétiens sont devenus minoritaires. L’expression artistique n’a cependant jamais cessé, en particulier dans les nombreux monastères, dont plusieurs sont évoqués. Alep, Damas, Beyrouth, Le Caire, Jérusalem ou Bagdad sont aussi des centres de création de première importance. Les chrétiens ont rapidement fait traduire les textes sacrés en arabe, leur langue d’origine devenue surtout liturgique comme l’araméen ou disparue comme pour le copte en Égypte.

Les chrétiens ont des droits et participent à la vie de leurs pays : Palestine, Israël, Syrie, Irak, Liban, Jordanie et Égypte ; ils ont contribué à l’émergence des nationalismes arabes. Aujourd’hui menacés dans la plupart de ces pays, les chrétiens doivent faire face à des destructions d’églises et de patrimoine dans des proportions jamais vues. Des manuscrits ont été sauvés, une mémoire est transmise mais il ne faudrait pas oublier le droit à ces populations de vivre sur leurs terres, alors qu’ils sont une partie intégrante de la diversité arabe au Moyen-Orient. Une exposition éblouissante et nécessaire.

 

Presse régionale protestante

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