Comme un cerf altéré brame, pourchassant le frais des eaux… chanté par les familles au moment de la vaisselle, fredonné sous la douche ou sur les tracteurs, le psaume 42 est passé de génération en génération par le chant. Le cantique de Siméon ou celui de Marie comptent aussi parmi les best-sellers protestants en matière de cantiques bibliques.
102 partitions reçues
Mais certains textes de la Bible, parmi les plus connus, n’avaient, semble-t-il, pas ou peu été mis en musique. C’est chose faite pour trois d’entre eux : 1Corinthiens 13 et son hymne à l’amour, la tirade théologique de Philippiens 2 ou le poétique Prologue de Jean, adaptés pour l’occasion par les pasteurs Michel Leplay et Samuel Amédro. Le jury du Concours international de composition de cantiques protestants, projet porté par l’association Esprit culture, s’est réuni au début du mois de décembre pour sélectionner les compositions musicales les plus talentueuses.
102 partitions sont parvenues aux dix membres du jury, cinq musiciens professionnels protestants, un pasteur et quatre paroissiens amoureux de cantiques. Si le choix initial de la sélection ne fut pas facile, le vote final pour les lauréats se fera en deux temps et laisse donc une part importante à la participation du public. Le premier vote sera celui du jury et déterminera un premier et un second prix. Un second vote sera laissé à l’appréciation du public et donnera lieu à un prix spécial, chacun pouvant participer.
Une dynamique de tradition
Guettant les partitions retenues, le chœur Per Cantum va maintenant s’atteler à la lourde tâche d’interprétation des œuvres pour tenter d’en extraire la force et la saveur. Cette mise au point demandera quelques semaines, justifiant une remise des prix tardive, puisqu’elle interviendra au cours d’une manifestation publique le 27 mars au temple de la rue Roquépine à Paris.
Cette première édition renoue avec la tradition de renouvellement du témoignage biblique par le chant d’assemblée et la beauté musicale, qui fut l’une des marques historiques du protestantisme dans la ligne des chorals de Bach ou des textes de Clément Marot, Théodore de Bèze et tant d’autres continuateurs de la Réforme.
De nouvelles harmonies
Malgré un optimisme tenace pour concrétiser ce projet depuis 2019, Martine Jullian la présidente d’Esprit culture n’imaginait pas un tel engouement pour les cantiques. 57 compositeurs professionnels ou amateurs ont répondu à l’appel, dont un tiers venant de l’étranger. Le processus de concours lancé grâce au soutien de la Fondation FLAM semble donc correspondre à une demande et avoir trouvé un public. Parmi toutes les pépites arrivées sur la table du jury, faire un choix nécessitait bien sûr de vérifier la musicalité des œuvres, mais aussi de s’assurer qu’il s’agisse de cantiques d’assemblée. Cela sous-entend qu’ils soient chantables par des non-professionnels, que les paroles et les harmonies s’allient de manière harmonieuse jusque dans la répartition syllabique. Sur le plan théologique, cela implique que le texte biblique n’ait pas subi d’altération théologique, les petits changements de mots pouvant faire évoluer la compréhension du tout au tout ; les réformateurs rappelaient en leur temps que l’humain n’était pas sauvé par la foi EN Jésus-Christ, mais par la foi DE Jésus-Christ.
Sur des textes bibliques aussi connus et partagés dans les Églises locales, peut-être verra-t-on s’imposer quelques nouvelles mélodies dans les liturgies dominicales ?