C’est l’une des régions les plus visitées de France, restée longtemps à l’écart et redécouverte dans les années 1980. Ses magnifiques paysages et ses merveilles architecturales ne doivent pas faire oublier qu’une histoire tragique s’y est déroulée en 1545, lorsque le parlement d’Aix-en-Provence ordonna la liquidation des Vaudois du Luberon. Malgré ce premier massacre, ils ont survécu jusqu’à nos jours et cherchent aujourd’hui à mettre en valeur leur riche patrimoine historique et religieux.

Un peuple évangélique

À l’origine il y a un homme, Pierre Valdès, qui lance le mouvement des « Pauvres de Lyon » à la fin du XIIe siècle. Il souhaite revenir à la Bible comme seule source de foi, prêche la pauvreté et prône l’engagement des laïcs sans l’intermédiaire des prêtres. Rapidement excommuniée, la petite communauté essaime dans le nord de l’Italie, le Dauphiné et le Languedoc. Pourchassés par l’Inquisition, les Vaudois se réfugient dans des zones montagneuses et à l’écart. Au XVe siècle, après les ravages des guerres et des épidémies, des seigneurs du Luberon font venir des Vaudois pour repeupler leurs terres, car certains villages sont vidés de leurs habitants. Issues par exemple de la vallée de Fressinières dans les Hautes-Alpes, ce sont près de six mille personnes qui viennent s’installer entre 1490 et 1520, fuyant la misère et les persécutions, attirée s par les promesses de terres et de maisons à restaurer.

Pourquoi des seigneurs catholiques sont-ils venus chercher ces hérétiques ? Pour plusieurs raisons : dans les montagnes, on ne sait que faire des enfants surnuméraires quand les terres sont insuffisantes pour nourrir tout le monde et il est plus facile d’y trouver des candidats. Les Vaudois sont aussi connus pour leur honnêteté et les seigneurs cherchent avant tout des paysans qui leur rapportent des revenus.

E n 1532 , les Vaudois décident de se rallier à la Réforme calviniste lors du Synode de Chanforan. À peine quelques années plus tard, les villages du Luberon sont victimes d’une expédition en 1545 qui vise à les exterminer, ordonnée par le parlement d’Aix-en-Provence. Cabrières, Mérindol et les villages alentour furent passés par le fer et par le feu, avec une cruauté qui choqua même les contemporains.

Mémoire vivante

Aux siècles suivants, l’histoire des Vaudois a rejoint celle des protestants français, mais sans jamais oublier ces origines particulières. Aujourd’hui, cette mémoire est entretenue par une dynamique association qui entretient aussi les liens avec leurs vallées d’origines, notamment grâce aux recherches généalogiques. Le touriste a l’embarras du choix pour trouver des lieux évocateurs. Pour bien commencer, le mieux est de se rendre à Mérindol où se trouve actuellement le musée vaudois, « La Muse », aménagé dans une ancienne bergerie. De là, il faut monter au village ancien où des plaques commémoratives rappellent le massacre de 1545. La vue du haut des remparts est superbe ; on doit faire un effort d’imagination pour voir dans ce paysage paisible et bucolique les images des atrocités qui s’y sont déroulées.

Après cela et au gré de vos flâneries, vous pourrez vous rendre à Puget, La Roque d’Anthéron (qui organise un festival de musique tout l’été), au Perthuis, à la Motte d’Aigues, Cabrières d’Aigues, Peypin d’Aigues, Lourmarin, Lacoste et Ménerbes, toutes ces localités étant dotées d’un temple. Chaque village a son charme et ses particularités. Lacoste, par exemple, est d’abord connu pour son site superbe et pour avoir appartenu au fameux marquis de Sade. On imagine la terreur des villageois quand il habitait au château, au point de susciter des enquêtes qui ont mis à jour ses activités criminelles.

Aujourd’hui le château est en ruines, mais le temple est toujours debout, transformé en salle communale. Regarder l’avenir À Mérindol sont concentrées le plus d’informations sur les Vaudois, dans un cadre qui a besoin d’être développé, en raison de l’aff lux des visiteurs, des descendants de Vaudois venus parfois de toute l’Europe pour y retrouver leurs racines ou d’historiens en recherche de documents. C’est la raison pour laquelle un musée beaucoup plus grand est en projet et accueillera aussi l’Office du Tourisme de la commune.

Il présentera l’autre grand projet de l’Association des Vaudois du Luberon : le prolongement du sentier culturel de randonnée « Sur les pas des Huguenots ». Cet itinéraire, qui partira de Mérindol et Lacoste, rejoindra Chatillon-en-Diois par 180 km de sentiers balisés et munis de signalétique explicative. Il complétera le réseau des chemins qui ont été empruntés par les protestants pour rejoindre les pays du Refuge. Et si vos pas vous amènent à franchir les cols des Alpes, n’hésitez pas à vous rendre à Torre Pellice, la capitale des Vaudois côté italien, également dotée d’un musée.
L’histoire des Vaudois du Luberon est encore mal connue ; grâce aux efforts de passionnés, elle ambitionne de sortir du domaine de la confidentialité pour atteindre le grand public.

Contact : vaudoisduluberon.com et La Muse, musée vaudois de Mérindol : ouvert jeudi, samedi et sur rendez-vous au 04 90 72 91 64.