Commissaire-priseur, André Masson est informé qu’une toile du grand peintre Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier, Martin. Il va vérifier qu’il s’agit bien d’un chef-d’œuvre spolié par les nazis et disparu depuis 1939. Dès lors, accompagné de Bertina, son ex-épouse et collègue, et d’Aurore, son ingérable stagiaire, il va s’efforcer de faire monter les enchères.
Le titre du film se veut un hommage du réalisateur à son ami Raoul Ruiz et à l’un de ses grands films –L’Hypothèse du tableau volé -, et le nom du protagoniste un clin d’œil au peintre surréaliste éponyme. Le scénario, inspiré d’une histoire vraie, s’est étoffé grâce à la vingtaine d’entretiens qu’a pu mener dans le monde des vente aux enchères Iliana Lolic, déjà actrice de plusieurs films de Pascal Bonitzer et de Luc Moullet. Au centre de la convoitise des professionnels du marché de l’Art, un tableau célèbre mais perdu de vue depuis 70 ans – un grand paysage occupé par un champ de tournesols – qui va être authentifié par les experts et entraîner la recherche des ayants droit : la situation se complique.
Dès lors le film se déroule dans des lieux très contrastés : à la salle des ventes de Drouot, où les enchères montent et le rouge domine, succèdent des scènes au modeste domicile de Martin et de sa mère où se rendent avec tact et dans une grande complicité les deux spécialistes que sont André et Bertina, tandis que s’affrontent marchands, avocats, et riches américains descendants du propriétaire spolié. Si la narration, alerte et fertile en rebondissements, maintient en haleine le spectateur, chacun des personnages, caractérisés avec une grande justesse et sans excès, contribue à son bonheur.
André, qui a tout au départ pour être antipathique – appât du gain, soif de pouvoir, mépris de ses collaborateurs… – nous touche en réalité par sa vulnérabilité au contact de ses femmes et son questionnement éthique. Bertina, son ex-, est une femme libérée mais sensible et encore sous son charme. Aurore, sa stagiaire tourmentée, est toute en nuances mais […]