Le réalisateur se propose, après s’être assuré que ces personnes sont franchement «partantes», d’accoucher la parole habituellement inaudible des «vieux», considérés par la société comme un poids. Ces rencontres sont autant de vignettes -plans fixes, sans éclairage- centrées sur plus d’une trentaine de femmes et d’hommes très divers- ruraux, ouvriers, immigrés- nés avant la 2ème guerre mondiale et vivant un peu partout en France, chez eux ou en Ehpad.
Il s’agit de témoignages bruts et délibérément non préparés, hésitants, émus, coupés de silences ou de larmes furtives, mais qui loin d’être plaintifs, sont parfois avec humour empreints d’une vitalité surprenante, et souvent de sérénité face à la mort. Entre ces intenses moments face caméra, Le cinéaste ménage des respirations -plans méditatifs de plaines verdoyantes, montagnes enneigées, cieux embrasés, qui, accompagnés d’une musique presqu’hypnotique, sont autant d’allusion à la pérennité de la nature auprès de la condition humaine.
Ces « vieux » nous parlent de leurs expériences de vie, et d’ailleurs à quel âge est-on vieux ?
Plusieurs thématiques reviennent dans leurs propos. Pour beaucoup c’est le traumatisme durable de la guerre -port de l’étoile jaune, souvenirs obsédants des guerres d’Indochine ou d’Algérie- ou, dans le nord, des accidents de la mine. L’évocation du partage amoureux et de la dépendance réciproque qu’il entraîne est fréquente aussi, nous faisant percevoir la simplicité et le mystère d’une vie de couple dont ils semblent découvrir avec fierté la longévité. Mais […]