Ce film est inracontable ! C’est à la fois un extraordinaire pamphlet politique, une tragédie musicale, et la douloureuse plainte d’un réalisateur qui a mal à son pays. Plutôt que d’accumuler comme dans ses films précédents les actes et les mots du refus ou de la résistance, devenus vains tant est monstrueuse l’indignité veule et obscène dans laquelle s’enfonce la majorité de la société israélienne confrontée aux massacres à Gaza, Nadav Lapid choisit au contraire l’ironie visuelle pour exhaler sa colère et son désespoir. Il exhibe un couple de baladins serviles – Y. un musicien et Jasmine une danseuse – qui a décidé, en vivant le ‘oui’ de toutes les compromissions de se soumettre corps et âme aux puissants pour les divertir, dans l’oubli de la guerre et l’espoir d’accéder à la gloire et à la richesse. Cette métaphore inversée s’illustre dès l’ouverture de façon trépidante par une fête décadente à la Fellini, chez les ultra-riches, marquée par les outrances, le bruit et les couleurs criardes, et qui se termine par une bataille de chansons qu’entonnent aussi les militaires !
‘Y’ est un personnage passif qui démontre par son comportement, en léchant bottes et oreilles, qu’il est prêt à tout accepter. Mais […]