Ce film sélectionné à Cannes dans la section ACID est une réaction de la réalisatrice au génocide en cours en Palestine. Il est né de son questionnement – Comment survit-on à Gaza, sous blocus depuis tant d’années ? – et de l’urgence de son désir de faire entendre la voix des Palestiniens, absente des médias. Empêchée d’accéder elle-même au terrain, elle opte pour un film à distance et enregistre ses appels vidéo avec Fatem, en contrepoint parfois avec les informations télévisées de son ordinateur, pour juxtaposer le réel de la vie dans Gaza et sa transmission par les chaînes d’infos.

Ces échanges visiophoniques durant 200 jours d’avril à novembre 2024, avec une personnalité extraordinaire dont le regard et le sourire lumineux irradient de bout en bout les images, deviennent par la grâce du montage, qui fait toujours de la parole de Fatem l’élément central du film, un témoignage bouleversant où coexistent espoir et désespoir, rires et larmes. Fatem parle beaucoup à Farsi de la violence vécue par les gazaouis, qu’elle lui fait voir, – les immeubles éventrés, les rues dévastées, les adultes et les enfants errants -, et cependant aussi, malgré les bombes, malgré la destruction de familles entières et le deuil quotidien […]