Le film de Rebecca Zlotowski illustre une veine romanesque et joueuse. Depuis son premier long-métrage, Belle épine (2010), la réalisatrice a pu apparaître, globalement, comme une maroquinière chic du cinéma dit « psychologique », dont on attend de la « justesse ». Les cordonniers sont mal chaussés et les psys aveugles face à leurs propres névroses ou folies. Lilian est une dame de fer, psychorigide. Elle est moins émue par la mort de sa patiente Paula que par le fait de s’être trompée, d’avoir sous-évalué des pulsions suicidaires – ce qu’elle ne peut accepter. Elle se convainc alors que sa patiente a été tuée par un de ses proches et commence sa propre enquête, chaperonnée par son ex-mari Gabriel, ophtalmologue, qui prend goût à l’aventure. Toujours amoureux de Lilian, le médecin, s’empresse de l’accompagner dans son irraisonnée passion d’investigation.

Et tout se mélange, à l’écran comme dans la tête de Lilian, entre comédie de remariage, et portrait d’une femme qui court après elle-même. Le film cavale, galope et démultiplie les personnages et les péripéties et questionne : un soignant peut-il vraiment rester neutre émotionnellement ? Mais le drame fait exploser la frontière […]