Sorti en France le 15 octobre 2025, Et la vie va…, le nouveau film d’Abraham Ségal arpente les lignes de fracture contemporaines telles que les migrations, le dérèglement climatique, les violences, les répressions. Plutôt que de dresser un tableau sombre, Abraham Ségal pose une question simple mais urgente : face aux forces de mort, que fait-on pour que la vie continue ?
Et la vie va… est une quête qui arpente plusieurs champs de combat : le sort des exilés, le dérèglement climatique, des guerres et des violences. Partout où des forces d’amour et de vie affrontent des forces de mort et de destruction. Chemin faisant, des liens se révèlent et se précisent entre migrations, catastrophes naturelles, répressions meurtrières. Face aux dangers qui nous menacent on rencontre des jeunes – et de moins jeunes – qui luttent, créent et s’engagent pour sauver ce qui peut l’être. Pour que la vie continue.
Le film fonctionne comme un chœur de témoignages vivants, entre ceux qui fuient, ceux qui soignent, ceux qui résistent. On suit Pauline Roth, jeune “enquêtrice”, non comme journaliste, mais comme femme concernée, qui va de Calais aux Calanques, passant par les crépuscules du climat ou les urgences des réfugiés. Elle rend visibles des trajectoires invisibles. La force de l’œuvre tient à la façon dont Ségal lie les sujets. La migration n’est pas séparée du dérèglement climatique, la violence politique n’est pas éloignée de la mort de l’environnement. Des images d’archives dialoguent avec des scènes filmées sur le vif ; l’art (notamment par l’artiste Ernest Pignon-Ernest) est convoqué comme espace de mémoire et de sens. Le montage ménage des respirations, où souffle l’humanité malgré les cris.
Ce documentaire pose une tension familière au regard protestant. C’est celle de la responsabilité individuelle face à celle collective. Que faisons-nous face aux drames qui dépassent souvent l’horizon médiatique ?
Le film ne cherche ni à culpabiliser ni à déprimer ; il invite à contempler ce que d’autres font, parfois peu, souvent de tout leur être. À ce “faire du petit”, le document accorde un enjeu d’écoute et d’engagement discret. Dans les moments les plus touchants, on perçoit que “la vie va…” n’est pas un simple constat, mais une forme de prière silencieuse. Prière des exilés, des militants, des soignants, des artistes. Et prière implicite des spectateurs pour que notre cœur n’ait pas le goût du renoncement.
C’est un documentaire bienveillant qui ne promet pas la fin du mal, mais qui rappelle que là où des vies résistent, là aussi surgit une lumière. Pour qui croit que la vie vaut d’être protégée, qu’elle est un don à chérir, ce film est un appel à ne pas détourner les yeux, et peut-être, agir.
Rencontres avec le réalisateur : La BNF (Bibliothèque Nationale de France) François Mitterrand proposera une carte blanche à Abraham Ségal le samedi 15 novembre 2025. Dans le cadre du Mois du film documentaire, trois de ses films seront projetés : La Parole de la mort (2009), Camus, de l’absurde à la révolte (2014), De page en page (1999). Les projections des films seront suivies de rencontres avec le réalisateur.