Troisième long métrage de Saeed Roustaee, Leila et ses frères est une belle et longue saga familiale iranienne. Superbe mise en lumière pour le réalisateur avec sa première en compétition à Cannes.
Jean-Luc Gadreau
27/05/2022
Le blog de Jean-Luc Gadreau
Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane. Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entrainent la famille au bord de l’implosion, alors que la santé du patriarche se détériore.
Avec Leila et ses frères, le réalisateur iranien Saeed Roustaee livre un grand drame familial, axé sur ses personnages, dans le style bavard (mais passionnant) du cinéma italo-américain. On pense à Rocco et ses frères (jusque dans le titre) de Visconti et, bien sûr, au Parrain de Coppola. Mais tout ça dans la culture si particulière et parfois déroutante de l’Iran, marquée par des traditions extrêmement tenaces, beaucoup de faux-semblants, étouffé par la fraude, la lutte des classes, les rivalités de clans et une économie toujours au bord du désastre. Le scénario de Roustaee prend soin de montrer comment la corruption s’est infiltrée à tous les niveaux de la vie iranienne, des propriétaires d’usine intrigants au sommet de la hiérarchie jusqu’aux personnes au bas de l’échelle comme Parviz, qui travaille comme préposé aux wc dans un centre commercial et oblige ses clients parfois à payer double pour les utiliser. Parmi les nombreuses escroqueries des frères de Leila, la plus audacieuse concerne une entreprise dans laquelle Farhad veut que tout le monde investisse, où des voitures sont pré-vendues à des acheteurs potentiels sans jamais être livrées. « Ce n’est pas une arnaque, c’est un travail », justifie-t-il, pour nous donner sans doute d’entendre plus généralement qu’ici les frontières entre les deux sont à jamais floues.
Il est très interessant d’observer que Roustaee parvient à traiter ces sujets en injectant également une ampleur épique à son histoire. Centrée sur l’histoire de ce patriarche et des nombreux conflits tout autour, le cinéaste jongle en passant des épreuves universelles de la société iranienne aux problèmes de cette famille avec rapidité et virtuosité. Il sait faire les choses en grand lorsqu’il le faut, comme dans la séquence de l’usine ou dans une longue scène éclatante de mariage. Mais il sait aussi contenir l’action à quelques individus, avec de longues séquences de discussions notamment, faisant de son Leila et ses frères un film de « performances » avant tout. La rage grandissante de Leila face à la médiocrité méprisable de son père et de ses frères, et l’épuisement à essayer de les sauver d’eux-mêmes, constituent l’énergie émotionnelle qui alimente le film. Dans ce rôle titre, Taraneh Alidoosti, connue pour son travail sur les films d’Asghar Farhadi, nous offre une prestation époustouflante. À ses côtés un quatuor de frères, chacun ayant sa propre spécificité, un style et une personnalité différente, et tous parfaitement interprétés. Et puis il y a le père, Esmail (Saeed Poursamimi), qui ne demande, semble-t-il, rien d’autre qu’un peu de respect de la part de ses enfants et du clan élargi, surtout après le décès d’un patriarche plus âgé, laissant Esmail comme candidat potentiel pour prendre sa place. Quelle justesse dans le jeu de ce comédien âgé ! Les acteurs apportent une formidable énergie et beaucoup de nuances à leurs rôles ; chaque personnage est chargé de contradictions, se battant pour la famille ou pour ses propres intérêts, ou parfois les deux, tout en sachant qu’ils font rarement ce qu’il faut.
Un film qui, certainement, pourrait trouver un quelque chose à ramener lors de la soirée de samedi où le palmarès sera dévoilé par Vincent Lindon, entre autre par ce qu’il tente de dire de l’Iran à travers l’histoire des innombrables difficultés de cette famille avec une vraie émotion qui explose littéralement dans l’ultime dénouement et son traitement.
Le film suit un couple séparé qui continue pourtant de coexister au sein d’une famille recomposée autour de leurs trois enfants. Une chronique familiale où le quotidien se fissure doucement et où la nature devient le miroir des émotions enfouies.
Multi récompensé au Festival de Cannes 2025, "L’Agent secret" sort en salles ce mercredi. A la fin des années 70, le portrait d'un homme traqué dans le Brésil étouffant de la dictature militaire.
Le documentaire Girls for Tomorrow, réalisé par Nora Philippe, plonge dans l’univers des jeunes femmes en quête de liberté, d’ambition et de choix de vie. À travers le regard de la réalisatrice, le film interroge la maternité, le féminisme et la transmission. Il sort en salles ce mercredi 10 décembre.
Dans Louise, Nicolas Keitel signe un film sensible sur l’enfance fracturée, les identités recomposées et le vertige de renouer avec ceux que l’on a laissés derrière soi. Diane Rouxel y offre une interprétation bouleversante, entre retenue et intensité, qui porte tout le film. Au cinéma le 10 décembre.
Un drame familial sobre et vibrant dans lequel Camille Cottin incarne une femme dépassée, contrainte de recueillir ses neveux après la disparition de leur mère. Au cinéma le 3 décembre.
Adapté de la nouvelle culte de Denis Johnson, le film suit un ouvrier du rail au début du XXe siècle, emporté malgré lui par une Amérique en pleine mutation, où la modernité avance, la forêt brûle et les trains hurlent.
L'historien Patrick Cabanel, spécialiste du protestantisme, publie un ouvrage passionnant sur les conséquences de la révocation de l'édit de Nantes dans le village cévenol de Saint-Germain-de-Calberte.
Alors que l’équipe de football anglaise d’Arsenal connaît l’une des meilleures saisons de son histoire en dominant la Ligue des champions, le club confirme son identité chrétienne.
C'est bientôt le week-end, et avec lui son lot d'actualités culturelles. Au programme : retour il y a 145 millions d'années. Une étude montre que la couleur de certains dinosaures n'était pas si terne que ça. Pour les Parisiens : un tunnel sous le Louvre révèle de nombreuses œuvres street art saluées dans le monde entier. Côté religion : le 19 décembre rappelle le premier jour de la bataille de Dreux en 1562.
Les faîtières évangéliques suisses et françaises ont finalisé leurs ressources à destination des chrétiens pour la Semaine universelle de prière en janvier, qui sera consacrée à la fidélité de Dieu.
Une étude inédite réalisée conjointement par le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice, et publiée jeudi 18 décembre, a révélé que 42% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite par la justice.
Nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Nous le faisons pour obtenir des statistiques de visites et améliorer l'expérience de navigation. Consentir à ces technologies nous autorisera à traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Ne pas consentir ou retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines fonctionnalités.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.