Mike Flanagan, déjà acclamé pour ses précédentes adaptations de Stephen King comme Doctor Sleep ou la série The Haunting of Hill House, propose avec Life of Chuck une expérience cinématographique singulière offrant une méditation sur la vie, la foi et l’humanité.

Le film déploie une narration en trois actes qui, en jouant sur la temporalité et la symbolique, interpelle autant par sa forme que par son fond. Il s’agit d’une véritable ode à l’existence, invitant le spectateur à redécouvrir l’extraordinaire dans l’ordinaire, une thématique qui trouvera un écho certain dans l’esprit de ceux qui cherchent la lumière dans l’obscurité du quotidien.

Une dimension spirituelle et salvatrice

Divisé en trois actes antichronologiques, Life of Chuck interroge la linéarité classique du récit. Fil rouge du triptyque : Charles Krantz (Tom Hiddleston) dit Chuck. Bon père de famille et comptable ordinaire, Chuck est aussi le grand mystère du film… Life of Chuck s’ouvre sur une scène apocalyptique où la fin du monde semble imminente, une mise en scène qui n’a rien de moralisateur mais qui, au contraire, annonce la valeur de chaque instant de vie. Ainsi, le premier acte, posé dans un contexte de catastrophe imminente, introduit une atmosphère de fragilité collective et de questionnements existentiels. Puis, en remontant le fil du temps, le deuxième acte offre une parenthèse d’humanité naïve et spontanée, incarnée par une scène de danse en pleine rue, véritable célébration de la vie et des rencontres fortuites. Enfin, le dernier chapitre dévoile la jeunesse de Chuck et l’innocence qui persiste malgré l’adversité.

Cette structure temporelle, à l’image d’une parabole, invite le public à méditer sur le cours de la vie et à reconnaître que, quelle que soit notre position dans le temps, chaque moment recèle une signification spirituelle et salvatrice.

La fragilité et la beauté de l’existence

Sur le plan filmique, la force de Life of Chuck réside autant dans sa narration que dans son esthétique. La photographie, à la fois poétique et mélancolique, capte avec finesse les contrastes entre l’ombre d’un monde en déclin et les éclats inattendus de beauté humaine. Chaque plan semble être une peinture vivante, où la lumière vient souligner la résilience et la fragilité de l’existence. La bande sonore, subtile et immersive, accompagne ces images de manière à toucher le spectateur au plus profond de lui-même.

L’incarnation des acteurs

La performance de Tom Hiddleston, qui incarne avec une intensité rare le personnage de Chuck, est l’un des piliers du film. Son jeu raconte à la fois l’ordinaire et le transcendant : ici, Chuck n’est pas un héros conventionnel, mais l’incarnation d’un être humain dont le parcours, marqué par la douleur et la joie, révèle une dimension presque sacrée dans sa simplicité.

Aux côtés de Tom Hiddleston, on retrouve des acteurs tels que l’immense Chiwetel Ejiofor, dont l’interprétation nuance le discours sur la condition humaine par des moments de grâce discrète, rappelant que chaque rencontre peut être l’occasion d’un renouveau intérieur. Dans la peau de Marty, professeur de littérature, Ejiofor devient l’observateur de ce grand effondrement.

Life of Chuck se présente comme une vaste méditation sur le vécu humain, sur la manière dont la vie se goûte à travers ses joies et ses douleurs, dans un équilibre souvent fragile. Il suggère que, même face à la fin apparente, il existe en chacun de nous une lumière intérieure, une vocation à transcender les épreuves par la solidarité et l’amour. 

La possibilité d’un renouveau

En s’éloignant des codes habituels du thriller ou du film d’horreur traditionnel, Mike Flanagan offre au spectateur une proposition méditative, où l’apocalypse se conjugue avec les rituels de la vie quotidienne. Ainsi, le film invite à repenser nos repères en nous rappelant que chaque existence, même la plus humble, porte en elle des potentialités de renouveau et de grâce. Life of Chuck nous invite à contempler ce que signifie vivre pleinement, à célébrer même les instants les plus pauvres de sens, car ils recèlent tous en germe la possibilité d’un renouveau. Une œuvre à voir et à méditer, qui témoigne que, malgré le chaos du monde, il y aura toujours en nous ce petit éclat de lumière capable de transformer la tragédie en une symphonie de vie.

Cette vision humaniste et poétique représente certainement une passerelle passionnante entre la culture laïque et les questionnements spirituels.

Une occasion de réaffirmer ici que l’art est un vecteur de dialogue et de réconciliation entre les diverses facettes de l’expérience humaine.