À la suite d’un incident, la jeune Marion décide de fuguer du domicile familial. Elle démarre alors une nouvelle vie sous une autre identité : Louise. Quinze ans plus tard, Louise retrouve la trace de sa sœur et de sa mère. Petit à petit, elle réapprend à les connaître sans leur dévoiler son identité. Alors qu’elle renoue avec son passé, un dilemme s’impose à elle : rester Louise ou redevenir Marion.
Entre deux identités, une marche vers soi
Il suffit parfois d’un prénom pour réinventer sa vie, et d’un retour pour la bouleverser à nouveau. Louise, de son vrai nom Marion, a quitté sa famille après un incident violent dans son enfance. Quinze ans plus tard, elle vit sous un autre nom, une autre peau, un autre passé. Lorsqu’elle retrouve la trace de sa mère et de sa sœur, elle choisit de s’approcher sans révéler son identité. Nicolas Keitel filme cette réapparition comme une marche fragile entre deux mondes. Chaque regard, chaque hésitation de Louise révèle la tension entre la peur de rouvrir une blessure et le besoin irrépressible de se réconcilier avec soi-même. Rester Louise ou redevenir Marion n’est pas seulement une question de nom : c’est une interrogation profonde sur la vérité, l’identité et la continuité de soi.
Une mise en scène toute en nuances et en silences
Le film s’ouvre magnifiquement sur la chanson Vivo per lei, interprétée avec intensité, joie et insouciance enfantine, qui plante immédiatement une atmosphère mélancolique et tendre. Cette chanson devient un écho à la quête de Louis. L’amour et la musique comme fil conducteur d’une histoire qui cherche à retrouver sa voix. Le réalisateur privilégie la nuance et la délicatesse. Ses scènes sont comme des instants suspendus où les gestes et les silences parlent plus que les mots. La caméra accompagne son héroïne avec intimité, rendant palpable le poids du passé et la fragilité du présent.
Diane Rouxel, dans le rôle de Louise adulte, impose une présence délicate mais intense. Son jeu, tout en nuances, rend palpable la fragilité et le courage de son personnage. À ses côtés, Cécile de France incarne la mère avec sobriété et profondeur, tandis que Salomé Dewaels offre une sœur pleine de vie et de nuances, à la fois proche et étrangère. Enfin, Noémie Lemaitre Ekeloo, qui interprète Marion enfant, apporte une justesse touchante, donnant à la caméra des moments de vérité immédiate et bouleversante.
Une réflexion intime sur la possibilité de se réinventer
Keitel privilégie les silences et les gestes, construisant des scènes comme des instants suspendus où les émotions se disent sans mots. Chaque plan, chaque plan rapproché, accompagne le spectateur dans l’intimité de Louise, dans ce vertige délicat entre rester Louise ou redevenir Marion. Ce dilemme, au cœur du film, dépasse la question du nom pour devenir une interrogation profonde sur l’identité et la possibilité de se réinventer. Louise est d’ailleurs aussi un film sur le temps… Temps perdu, temps retrouvé et temps nécessaire pour se reconstruire. Au-delà de l’histoire individuelle, il interroge notre rapport aux blessures du passé, à la famille et à la résilience. La caméra de Keitel capte les nuances, les hésitations, et la lumière fragile qui peut renaître même après des années de silence.
En mêlant musique, émotion et interprétation intense, Louise réussit à rendre tangible l’intimité d’un personnage qui navigue entre deux vies, entre souvenirs douloureux et promesses de réconciliation. C’est un film qui touche par sa délicatesse, sa profondeur et la justesse de son casting, rappelant que se retrouver soi-même est parfois le plus courageux des voyages.
