En salles ce 23 juillet, My Father’s Son est le deuxième long métrage de Qiu Sheng, réalisateur chinois connu déjà pour le très beau film Suburban Birds (2018).

Qiao, 18 ans, est le fils d’un père brutal et silencieux, passionné de boxe. Il apprend sa mort au moment où il entre à l’université. Dix ans plus tard, devenu ingénieur, Qiao développe un logiciel d’IA qui incarne un adversaire de boxe virtuel à l’effigie de son père. Mais ce clone numérique va échapper à son contrôle. Dans cette narration mêlant passé, présent et futur, Qiu Sheng retrace la reconstruction d’un fils face à l’absence d’un père.

Tourné dans sa ville natale de Hangzhou, Qiu Sheng mêle dialecte local et mandarin officiel pour marquer une bascule entre l’intime et la froideur du monde adulte. L’eau, omniprésente à l’écran, évoque une mémoire fluide, en mouvement, inspirée par les écrits de Gaston Bachelard. C’est aussi la filiation, la naissance, la mort. Étapes silencieuses d’une réconciliation sans parole.

IA, mémoire et cinéma intime

L’intelligence artificielle devient ici un double spectral : elle est à la fois hommage, mise à l’épreuve du souvenir et confrontation à l’inconnu. Le « père virtuel » incarne un fantôme non menaçant, mais dérangeant, qui oblige Qiao à réécrire son récit filial. Le dispositif « sci‑fi » sert avant tout à interroger notre rapport à la perte, et la manière dont la technologie peut transformer la douleur, sans l’effacer.

Des tensions émotionnelles subtiles

Le film n’use pas de démonstrations lourdes. Au contraire, la finesse réside précisément dans les silences, les hésitations, les regards qui en disent long : celles de Qiao devant son adversaire virtuel, celle de la famille face à l’absence. La performance de Sun Ning (Qiao adulte) est chargée d’une retenue bouleversante, comme si le deuil habitait chaque geste.

Un film en résonance universelle

Plus qu’un film de science-fiction, My Father’s Son est une méditation sur la filiation, l’héritage émotionnel et la manière dont l’homme moderne tente de reconquérir ce qu’il croit avoir perdu. Le mélange des genres, entre drame familial, boxe et science‑fiction, est au service d’une proposition introspective qui résonne loin du spectaculaire. Qiu Sheng signe un récit profondément personnel, mais ouvert à tous ceux qui ont ressenti le poids du silence et l’écho des absents. Une œuvre délicate, sensible, qui met la technologie au service de l’émotion. Un film à voir dès ce mercredi 23 juillet 2025, pour expérimenter la mémoire revisitée, douce-amère, lumineuse même au cœur de la perte.