Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.

Dans la filmographie d’Hausner, Club Zéro arrive tout naturellement dans un prolongement de Little Joe en 2019, qui avait offert le prix d’interprétation féminine à Emily Beecham, une parabole cinématographique à tiroir qui questionnait la notion du bonheur.

Même univers visuel fait de couleurs vives, et une manière de filmer tout à fait spécifique à Hausner, Club Zero est à priori d’abord une satire de ces nouveaux modes nutritionnels où le manger mieux passe par l’abandon de toutes sortes d’aliments.

Le personnage de Miss Novak, interprété avec classe par Mia Wasikowska, est au cœur de cette histoire fascinante. Enseignante spécialiste en nutrition, elle accepte un poste dans une école cherchant à fabriquer des élites et noue des liens étroits avec cinq élèves, une relation qui finit par prendre une tournure dangereuse où l’emprise psychologique peut conduire aux pires extrémités. Mais au fond, à partir de cette critique acide, se profilent des enjeux sans doute plus importants encore.

C’est tout d’abord la question de la foi qui est abordée, avec la mise en exergue de ce qui peut être une forme de manipulation habile qui conduit à un véritable embrigadement sectaire.

Hausner explique qu’« il nous faut comprendre la subjectivité́ de nos convictions pour comprendre comment Mlle Novak et les élèves sont convaincus des leurs. Leur « religion de l’alimentation » est un exemple de croyance radicale ».

Cette foi détournée, c’est celle qui forge les déviances religieuses, les radicalismes de tous poils, les multiples formes de contrôle de l’individu ou du collectif. C’est aussi la même qui ancre le complotisme lui aussi bien poilu. Des mécanismes où la peur a toujours sa place, et permet souvent le basculement. Une peur existentielle qui ici s’élargit à la famille et à notre relation à l’essentiel. Club Zéro s’attache à des parents qui délèguent leur responsabilité́ vis-à-vis de leurs enfants à une enseignante qui dévoie cette relation de confiance.

Mlle Novak manipule les enfants et les sépare de leurs parents. Mais comment des parents peuvent-ils veiller sur leurs enfants quand ils n’ont tout simplement pas de temps à leur consacrer ?

C’est l’une des questions que relève Hausner dans sa note d’intention. Elle ajoute à cela ce classique constat que nous vivons dans un système reposant sur la méritocratie qui nous oblige à travailler de plus en plus, avec toutes les conséquences qui alors viennent se greffer.

Tout cela, et beaucoup d’autres choses encore, se tapit entre les lignes du scénario plein d’audace de la cinéaste autrichienne. Un univers cinématographique qui pourrait très certainement séduire le président du Jury, Ruben Östlund. On en reparle samedi soir ?…