La longueur et l’intensité de la Grande Guerre ont provoqué dans tous les pays des éclosions littéraires et artistiques. Toutes les formes de littérature ont été utilisées. Si la France a produit surtout des romans, des essais, des autobiographies, en Angleterre c’est la poésie, dans ses formes originales, qui s’impose. Les poètes-combattants britanniques, les war poets, sont sans doute les plus connus grâce à leur nombre, leur puissance et leur postérité. À la fois témoins et victimes des horreurs de la guerre, ils sont considérés comme des symboles et ils participent à la construction d’une mythologie nationale. Des biographies, des romans, des films, leur sont consacrés. Leurs tombes sont fleuries. La war poetry est étudiée de l’école à l’université. Ce livre, issu d’une thèse de doctorat, replace cette poésie dans l’histoire de la littérature britannique jusqu’à aujourd’hui.
Pour montrer les caractères de cette poésie, nous la symboliserons par deux poètes. En 1915 meurt, à Gallipoli, le poète Rupert Brooke. Il est jeune, beau, vaillant, le héros parfait que, d’ailleurs, célèbre Churchill. Il est l’auteur de cinq sonnets patriotiques qui exaltent la grandeur civique du sacrifice. Dans sa forme, il est dans la ligne de laGeorgian Poetry. Les majuscules sont largement utilisées […]