Compte-rendu de Jean-Claude Widmann
Certes, après les soubresauts de la Révolution et de ses suites, le régime politique paraît enfin stabilisé. On nous dit que le progrès est en marche. L’affluence à l’exposition universelle de 1889 pour le centenaire de la Révolution manifeste bel et bien une adhésion populaire. Marcelin Berthelot assure que, par la science, les générations futures vivront mieux…
Mais les élites ne suivent pas. La mort de Victor Hugo en 1885 est le signe d’un tournant. Les écrivains dont on parle sont à contre-courant. Huysmans, ancien disciple de Zola, écrit À rebours, œuvre d’un misanthrope accablé d’ennui par le monde contemporain. Il se veut « décadent ». Barrès promeut la fermeture : « La France hospitalière, c’est un beau mot, mais hospitalisons d’abord les nôtres ! » Léon Bloy publie Le désespéré, cri de rage contre le monde moderne. Paul Bourget partage avec Barbey d’Aurevilly une attitude anti-moderne. La mode est au refus du rationalisme, cultivant l’occultisme, l’hypnotisme. Il faut, dit-on, sauver l’Église catholique, gravement menacée par l’école laïque de Jules Ferry, par les francs-maçons, par-dessus tout par les juifs. Car l’époque voit la montée de l’antisémitisme en France. L’écrivain Edouard Drumont axe sa […]