Co-produite avec la RTBF, récompensée d’un grand prix au Festival TV de Luchon 2023, Des Gens bien, est sortie de l’imagination débordante du trio gagnant composé de Stéphane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Matthieu Donck, déjà derrière l’excellente série La Trève sur Netflix. Six épisodes à savourer sans tarder et sans aucune modération !
À Juvin dans les Ardennes, l’inspecteur Tom Leroy (Lucas Meister) forme un couple respecté de la paroisse évangélique avec sa compagne Linda (Bérangère McNeese), propriétaire d’un centre de bronzage à la frontière. Mais en ce triste soir, la voiture de l’inspecteur tombe dans un ravin. Un tragique accident dont Tom réchappe miraculeusement, dit-on, alors que son épouse est restée coincée à l’intérieur. L’inspecteur en chef (Dominique Pinon) connaît bien le bonhomme, ce sont « des gens bien », alors aucune autopsie ne sera demandée sur le corps de la défunte. Une histoire qui se mélange à des affaires en cours et au parcours d’un policier (Michaël Abiteboul) qui commence à douter de la version officielle. N’en déplaise à son chef, et à sa partenaire (India Hair), il mène l’enquête en solitaire…
Des Gens bien c’est peut-être et surtout d’abord une galerie de personnages tout à fait savoureux, hauts en couleurs, interprétés avec brio par une ribambelle de comédiennes et comédiens comme on les aime (qui se voient en plus complétés par un trio succulent de rôles secondaires fait de Dominique Pinon, François Damiens ou encore Corinne Masiero, excusez du peu…) qui laissent de si belles traces dans le cœur du spectateur. Avec eux, tout est possible… le pire et le meilleur… ils sont sans filtre, à la fois naïfs, candides, roublards, tendres ou violents, parfois pathétiques et perchés (oui toujours perchés) mais surtout extrêmement attachants.
Ils se présentent à nous à travers le récit d’une histoire abracadabresque, qui se construit sur l’a priori meurtre – on ne peut plus amateur – d’une femme par son mari policier pour une sombre histoire d’arnaque à l’assurance. Derrière ce fait divers, des lieux et une atmosphère faite du terroir des Ardennes, d’une église évangélique assez sinistre mais tout de même plutôt sympathique (on regrettera juste le mauvais emploi du mot « messe » à la place de « culte » et un signe de croix pas vraiment très évangélique… mais grâce soit faite !), de gendarmes frontaliers qui s’ennuient quelque peu, et d’un centre de bronzage déserté. Imaginez ! Enfin, pas si facile en vrai…
Même le générique d’ouverture de chaque épisode est canon. Simple et efficace en 1 seul écran, ambiance western pour peut-être « clind’oeilliser » les frères Coen et leur Fargo (ou la série éponyme de Noah Hawley). C’est à la fois terriblement belge, mais avec des relents de Scandinavie ou d’une certaine Amérique, de ces cinémas qui aiment ces mélanges de genres, qui sortes des marges, qui osent aussi la caricature, non pour se moquer, mais pour révéler l’humain et la vie ! Car c’est aussi ce que l’on puise dans le visible et l’invisible Des Gens bien. Avec de l’amour, des frustrations, de la passion, des trahisons… avec des soucis d’argent, des enracinements culturels et religieux, des rêves de changements, des envies de plus grands… retrouver la cousine de la reine ou partir en Thaïlande en pleine saison des pluies… Enfin, une dernière raison peut-être, s’il en faut une, entendre et réentendre encore et encore Dieu tout-puissant que tu es grand (dans une version alternative pas totalement piquée des hannetons).