L’auteure, spécialiste du temps de l’Occupation, traite, avec ce livre très documenté, une question quelque peu délaissée par les historiens, la part de la police et de la gendarmerie françaises dans la défense des personnes menacées ou persécutées par les Allemands et leurs complices. L’on n’imaginait pas, en effet, que ces corps, destinés par nature à défendre le pouvoir en place, aient pu réellement défendre ses adversaires. Limore Yagil montre que l’on se trompait. Certes, beaucoup de gendarmes et de policiers ont appliqué sans rechigner la politique de répression voulue par le pouvoir en place, peut-être même une majorité. Mais d’autres s’y sont refusés, non pour des raisons politiques, mais par réflexe moral. Il faut reconnaître qu’entrer en résistance était, pour eux, plus difficile que pour les citoyens ordinaires du fait que le service de l’État était leur raison d’être professionnelle, en sorte que faillir à cette mission pouvait apparaître comme une trahison. On comprend, dès […]