Dans son nouveau livre, « Shameless », la pasteure luthérienne Nadia Bolz-Weber n’a pas honte de parler de Dieu, de la grâce et du sexe. Elle nous propose de construire une éthique sexuelle à partir de l’épanouissement humain, plutôt qu’à partir des règles encodées par les hommes il y a plusieurs siècles (Eliza Griswold, 8 février 2019, The New Yorker). Elle appelle à une réforme sexuelle du christianisme.

Dimanche après-midi, Nadia Bolz-Weber, pasteure luthérienne de quarante-neuf ans, a visité le New Museum, à Manhattan, avec son fils de dix-huit ans, Judah, et sa fille de vingt ans, Harper. La toile de fond parfaite pour Bolz-Weber, dont les avant-bras sont recouverts des tatouages de Marie-Madeleine, Lazare, et d’une image des femmes qui sont restées avec Jésus pendant la crucifixion – contrairement aux disciples, remarquablement absents. (Ce sont les seuls qui se sont ouvertement foutu des femmes, dit-elle). Elle aurait pu s’appuyer contre le mur sous le Christ de Lucas, une sculpture de Jésus sur la croix en Marlboro Light, et faire partie du spectacle. Bolz-Weber revient de Denver pour promouvoir son livre «Shameless», publié la semaine dernière, dans lequel elle appelle à une réforme sexuelle au sein du christianisme, inspirée des arguments de Martin Luther, le théologien qui a lancé la Réforme protestante en fixant quatre-vingt-quinze thèses sur une porte d’église au 16e siècle à Wittenberg, en Allemagne. (L’un des slogans de l’église que Bolz-Weber a fondée à Denver, la Maison pour tous, pécheurs et saints, est: «Accrochage de trucs à la porte de l’église depuis 1517».)

Luther s’est rebellé contre le légalisme qui régnait dans l’Église au Moyen-Âge en faisant valoir que l’accent sur la conduite pécheresse était inutile, car les gens étaient déjà rachetés par le sacrifice de Christ. «Luther a vu le mal que les enseignements de l’Église faisaient dans la vie de ceux de qui elle avait la charge», dit Bolz-Weber. «Il a décidé d’être plus loyal à l’égard du bien-être des gens qu’envers les enseignements des théologiens.» Malgré tous ses défauts, parmi lesquels un antisémitisme enragé, la théologie de Luther était centrée sur la vie réelle. «Il a parlé de péter et de boire et il ressemblait un peu à Nadia Bolz-Weber», déclare l’évêque luthérien Jim Gonia, qui dirige le synode Rocky Mountain de l’Église évangélique luthérienne en Amérique. Gonia résumait ainsi l’idée de Luther: «Maintenant que nous n’avons plus besoin de nous inquiéter de savoir si nous sommes assez bons pour Dieu, comment pouvons-nous accorder notre attention à notre prochain?» Bolz-Weber soutient que cette idée devrait être étendue au sexe. Depuis des millénaires, l’Église a appris aux chrétiens à nier leur identité physique et à considérer les pulsions charnelles comme pécheresses. «Nous continuons à chercher un ensemble de lois qui nous sauveront», déclare Bolz-Weber. […]