Nous sommes, et nous devons être, de plus en plus mobiles dans l’espace, le temps, les cultures et jusque dans nos modes de vie et nos représentations. Les mobilités marquent toujours plus profondément nos vies personnelles et collectives. Porteuses de promesses, elles suscitent aussi des détresses : précarité, épuisement, perte de repère et de sens… La Bible nous parle en chacune de ses pages de déplacements de toutes natures. Elle est une invitation permanente à sortir de soi et à se mettre en route. Plus encore, elle présente un Dieu qui, contrairement aux images que nous nous faisons de lui, est toujours en mouvement, toujours à notre recherche, toujours désireux de nous rencontrer. Tel est son seul mobile. Et si la Bible nous aidait à passer du zapping anxiogène à la vraie rencontre, salutaire ?

Il y a une vraie progression intelligente et logique dans le processus d’avancement que propose ici Laurent Schlumberger. Car si la mobilité est le cœur du sujet, elle se retrouve aussi dans le mode d’écriture de l’auteur. Nous sommes comme accompagnés avec bienveillance, pris par la main dans la réflexion, parfois légèrement bousculés… pour nous conduire finalement vers un objectif existentiel fondamental qui peut se résumer à cette question : « Vivre, pour qui ? » conduisant elle-même à considérer la rencontre comme une finalité joyeuse et nécessaire.

Il est aussi intéressant de noter que dans son approche de la mobilité, Laurent Schlumberger ne se contente pas d’évoquer le changement de lieu. Une déclinaison s’opère sur le même principe dans toutes les sphères de l’humain dessinant un large spectre des aspects de nos mobilités. Dans l’espace bien évidement, mais aussi dans le temps, dans la culture et plus globalement dans l’existence avec, à chaque fois, un impact réel sur notre façon de vivre et notre manière de regarder l’autre. Une sensation d’accélération peut nous apparaître dans notre époque présente mais Laurent Schlumberger jongle avec les périodes de l’histoire, montrant ainsi que ces enjeux dépassent largement cette contemporanéité qui nous marque forcément davantage. Il puise d’ailleurs abondamment dans l’histoire biblique des exemples et des enseignements marquants sur la nature même de Dieu et sur ce que cela peut impliquer pour nous.

Enfin, si ces conférences ont été réfléchies dans cette période de Carême, comme un chemin vers Pâques, un cheminement tranquille offrant la possibilité d’une transformation, d’une métamorphose, nous orientant aussi vers l’invitation à la rencontre, la lecture de ce livre peut aussi s’adapter à merveille à la période estivale, me semble-t-il. Moments souvent marqués par une forme de rupture, notamment dans nos plannings surchargés, ouvrant ainsi la porte à une autre forme de mobilité personnelle qu’elle soit intérieure ou pleinement vécue dans le voyage et le changement simple de paradigme du quotidien.