Ces lundi et mardi marquent l’arrivée des premiers journalistes et festivaliers sur la Croisette. Dans cette période sombre avec notamment la guerre en Ukraine, une crise économique grandissante, et une situation climatique inquiétante, les flashs vont malgré tout crépiter pour accueillir les stars du monde (presque) entier. The Show must go on… Si certains seront peut-être chagrinés par cet événement assez “hors du temps”, nous pouvons y voir aussi un véritable signe d’espérance, de refus d’abdiquer. Le Festival de Cannes rappelle que la culture et la création continuent d’opérer pour ouvrir de nouveaux champs de vie et de spiritualité. Et, tel le masque qui se retire dans les transports, à Cannes, la page Covid, qui a contraint à l’annulation en 2020 et à une édition “particulière” en juillet l’an dernier, cherche également à se tourner.
75 ! Un chiffre qui annonce une belle édition anniversaire, avec plus de 35 000 cinéphiles et professionnels présents et bien sûr “de la star au mètre carré”. Une certaine excitation générale flotte dans l’air. Elle se concrétise aussi, il faut l’avouer, dans la difficulté pour les accrédités à réserver les premières places sur la billetterie numérique mise en place avec l’édition Covid 2021 – le syndrome SNCF connect peut-être (sans parler même des galères de transport) … Mais l’exercice de la patience est sans doute un effet “charitable” offert insidieusement chaque année aux festivaliers.
Vincent Lindon président
Bon, tout ça est entendu, mais que nous réserve cette édition du Festival de Cannes du côté cinéma ? Commençons par le jury, marqué par la présidence de l’acteur français Vincent Lindon, succédant à l’américain Spike Lee (qui aura laissé son empreinte à tout jamais sur l’édition 2021 par l’annonce peu orthodoxe de la Palme d’or). Avec Lindon, on peut s’attendre à un palmarès qui saura prendre en considération la dimension sociale, politique et humaniste. Dans une récente interview, il disait : “J’aime les films qui racontent un état du monde”. Et sur la toile et sur les marches, 21 films, une flopée de vedettes et d’illustres inconnus en lice pour succéder au déroutant Titane, et ça pour ne parler que de la sélection officielle.
Car ajoutez-y Un Certain Regard, Acid, la quinzaine des réalisateurs, la semaine de la critique… Et avec, des cinéastes très attendus et souvent habitués comme David Cronenberg, Park Chan-Wook, James Gray, les frères Dardenne, Ruben Östlund ou le Japonais Hirokazu Kore-eda. Mais aussi de plus jeunes très prometteurs, comme Lukas Dhont ou Léonor Serraille. Tous les deux seront en compétition pour leur deuxième film.
Symbole, paillettes et célébrités
La compétition officielle débutera mercredi avec le dernier film de Kirill Serebrennikov, comme un symbole. Le réalisateur russe ayant pu quitter Moscou, où il était assigné à résidence, se présentera en homme libre pour y présenter La Femme de Tchaïkovski. Et l’Ukraine naturellement trouvera une place sur l’écran, grâce à la fiancée du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, tué début avril à Marioupol. Elle l’accompagnait et a pu rapporter les images tournées là-bas, avant de les assembler pour présenter son dernier film posthume.
Sur le tapis rouge du Festival de Cannes, des paillettes et des célébrités… beaucoup, beaucoup ! Kristen Stewart, Viggo Mortensen, Mads Mikkelsen, Anne Hathaway, Tilda Swinton, Idris Elba. Des artistes français, forcément, avec Marion Cotillard, Melvil Poupaud, Pierre Niney, Isabelle Adjani, Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos. Sans oublier Austin Butler et Tom Hanks, dans un biopic événement sur Elvis, et évidemment Tom Cruise pour le nouveau Top Gun. Mais aussi, dès la soirée du mardi 17 mai, pendant la cérémonie d’ouverture, Forest Whitaker. L’immense acteur recevra une Palme d’or d’honneur bien méritée.
Un regard chrétien
Enfin, comme chaque année depuis 1974, un regard chrétien se posera sur ces œuvres. Le Jury œcuménique sera présidé par la protestante Waltraud Verlaguet, rédactrice en chef notamment de la revue Vu de Pro-Fil.