Adaptation du seule en scène éponyme inspiré de son histoire personnelle, celle de mère d’un enfant autiste, écrit et interprété par Marie-Odile Weiss, En tongs au pied de l’Himalaya sort en salles ce 13 novembre. Un film aux allures de comédie sous fond de handicap (encore) mais qui interroge, et c’est là tout son intérêt, d’abord sur comment devenir un adulte autonome pour que son enfant ait une chance de le devenir aussi.

Pauline est la maman d’Andréa, 6 ans et demi, un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un TSA : un « trouble du spectre autistique ». Il n’est pas vraiment au niveau mais il est toujours scolarisé et s’apprête à faire sa rentrée en grande section de maternelle.
Pour Pauline, sans revenus fixes et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Or pour Andréa, c’est une année cruciale qui va déterminer s’il peut ou non rester scolarisé et obtenir ainsi une meilleure chance de voir son état s’améliorer. Mais pour cela, Andréa a besoin de stabilité et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) gravir l’Himalaya en tongs…

Dans En tongs au pied de l’Himalaya, deuxième long-métrage de John Wax après Tout simplement noir, le réalisateur explore avec profondeur et sensibilité le quotidien de Pauline, une mère courageuse mais désemparée interprétée par Audrey Lamy, avec son fils autiste, Andréa, âgé de 6 ans et demi.

Un hommage à toutes les mères en situation précaire

En tongs au pied de l’Himalaya est certainement un hommage aux parents qui, malgré les embûches, n’abandonnent jamais. Pauline incarne cet esprit de sacrifice et d’amour indéfectible. Mais, au-travers de son personnage, se profile un autre enjeu qui ouvre de façon bien plus large le regard que l’on peut porter sur cette histoire. C’est une histoire qui raconte comment on se reconstruit quand on est une femme de 40 ans, séparée avec un enfant. Wax explique que Pauline est « une femme qui n’est pas du tout autonome car elle a toujours vécu aux crochets de son père ou de son compagnon. Elle est bordélique, peu concernée par les démarches administratives et lorsqu’elle se retrouve seule, elle doit apprendre à devenir une adulte responsable. » À travers son parcours, le film interroge sur le « devenir adulte et autonome », avec des renversement de points de vue très justes, pour donner à son enfant une chance de le devenir aussi.

Plutôt que de se concentrer sur les apprentissages de l’enfant, sur son intégration à la société, c’est l’éveil de la mère qui est mis en avant.

C’est en effet presque une révolution que doit vivre Pauline, qui se définit comme étant « complètement nulle en responsabilités » et absolument inculte en matière d’autisme. Le récit va pouvoir dire sa transformation, son ouverture progressive à l’Autre, en particulier celui que la société rejette à ses marges.

Une vision nuancée de la parentalité et de l’autisme

Ce film ne se limite pas non plus à illustrer les difficultés de Pauline, mais met aussi en avant l’importance de la scolarisation et des ressources adaptées pour les enfants comme Andréa. Sont soulignés les choix difficiles que doivent faire les parents d’enfants TSA, souvent dans un système qui n’est pas toujours fait pour les soutenir. Le film présente aussi le dévouement et la résilience des familles, des aidants, mais sans tomber dans le pathos, en trouvant un équilibre entre tendresse et réalisme.

L’interprétation d’Audrey Lamy

Audrey Lamy propose une interprétation des plus belles avec une sincérité désarmante. Son jeu, à la fois drôle et émouvant, dévoile les multiples facettes d’une femme qui jongle avec les défis d’une maternité complexe, ses propres doutes, et les exigences quotidiennes liées au TSA de son fils. Pauline se bat pour Andréa, puisant dans son amour inconditionnel, même si chaque jour est un pas de plus sur un chemin épuisant, symbolisé par le titre du film : gravir une montagne comme l’Himalaya, pieds nus en tong, c’est-à-dire avancer sans être équipé pour le combat qu’elle doit affronter.

Avec En tongs au pied de l’Himalaya, John Wax et Audrey Lamy livrent donc un film sincère, drôle et particulièrement touchant qui saura parler à de nombreux parents, en particulier ceux qui naviguent dans l’univers complexe de l’autisme. Ce film nous rappelle qu’être parent, c’est parfois gravir des montagnes qu’on ne pensait pas pouvoir surmonter, mais que, pour ses enfants, on peut continuer d’avancer, quelques soient les chaussures qui sont à nos pieds.