L’auteur, Gabriel Audisio, connu notamment comme historien des Vaudois, offre ici, en 10 parties et des annexes, une étude sur la Provence et le Comtat Venaissin dans la période des débuts de la Réforme. Or cette région avait pour caractéristique d’abriter un îlot de Vaudois (issus des Pauvres de Lyon, XIIe siècle), immigrés des vallées alpines et installés comme agriculteurs dans le Lubéron, et des adeptes de la Réforme naissante dispersés sur l’ensemble du territoire, appelés « luthériens ».

L’ouvrage décrit les sources mobilisées, en particulier les procès pour hérésie, mais aussi les analyses nécessaires pour distinguer les Vaudois des Luthériens, à partir de leurs noms, de leurs métiers, de leur zone d’implantation ; alors que parfois les autorités les confondaient.

Gabriel Audisio expose le début de la répression des Vaudois dans les années 1531-1532. Il suggère qu’ils avaient réussi jusque-là à pratiquer sans encombre leur foi, en menant une double vie mais aussi parce qu’ils répondaient à un besoin de main d’œuvre des seigneuries locales.

Gabriel Audisio montre ensuite comment les « hérétiques » pouvaient se manifester et être reconnus dans les lieux de sociabilisation. Il souligne que l’hérésie était aussi « ressentie comme une atteinte au souverain et un trouble à l’ordre public ».

Dans une partie sur « le clergé en action », Gabriel Audisio décrit la présence nombreuse et diverse des membres du clergé, évêques (souvent non-résidents), prêtres séculiers de statuts inégaux, ordres religieux. Il considère que la situation des paroisses n’était pas brillante, mais il souligne aussi l’action d’évêques comme Jacques Sadolet, à Carpentras pour y remédier. Enfin il montre les conflits de pouvoir entre le souverain, l’Église et le Parlement d’Aix dans la lutte contre l’hérésie.

Dans un chapitre consacré aux « Pâques provençales », Gabriel Audisio commence par décrire la politique religieuse de François Ier et de ses successeurs, leurs hésitations, leurs mesures de répression et mesures de grâce (nombreuses au profit de ceux qui abjuraient… et payaient). Il montre enfin comment l’édit « de Mérindol » du Parlement de Provence, en 1540, ne sera exécuté qu’en 1545 mais donnera lieu à une semaine sanglante de tueries, de viols et de pillages contre les communautés vaudoises, suivie de condamnations à mort, aux galères, mais aussi de confiscation des biens.

Dans un chapitre intitulé « un front confessant », l’auteur rappelle le soutien des Vaudois à la Réforme, avec le synode de Chanforan de 1532 qui finance l’édition de la Bible d’Olivétan, puis l’évolution après 1545 vers […]