Julie (en 12 chapitres)... choisir et accepter les conséquences
Le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, dressé avec une grande sensibilité, de l’émotion et ce qu’il faut d’humour. Un film norvégien.
Jean-Luc Gadreau
11/07/2021
Le blog de Jean-Luc Gadreau
Julie (en 12 chapitres), cinquième film de de Joachim Trier, donne au réalisateur norvégien l’occasion de revenir pour la troisième fois sur le tapis rouge de la Croisette. Il conclut ici une sorte de trilogie commencée avec Nouvelle donne et Oslo, 31 août pour parler de personnes souffrant du vertige du temps qui les traverse. Le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, dressé avec une grande sensibilité, de l’émotion et ce qu’il faut d’humour, le tout porté par Renate Reinsve, une jeune actrice absolument rayonnante.
Un prologue, douze chapitres et un épilogue, et deux heures qui s’écoulent on ne peut plus facilement, pour nous raconter l’histoire de Julie (Renate Reinsve), une brillante étudiante en médecine d’une vingtaine d’années. Une voix off, nous raconte en quelques instantanés ses études et ses premières expériences sentimentales avec une certaine ironie. Une fille qui zappe à tout va… D’abord médecine donc mais très vite, insatisfaite, elle bifurque pour devenir psychologue, jusqu’au jour où la photographie s’immisce dans sa jeune existence, pour finir par travailler dans une librairie. Une jeunesse, des sollicitations en pagailles et donc de multiples possibilités. Et les sentiments se mêlent à tout ça, prise entre son amour pour un photographe plus âgé (Anders Danielsen) et un flirt avec un jeune serveur (Herbert Nordrum). Mais comme le savent trop bien tous ceux qui ont déjà passé une heure à parcourir Netflix sans but précis, avoir trop d’options peut vous empêcher de vous engager dans l’une d’entre elles ; plus le menu est grand, plus il est difficile d’avoir l’impression d’avoir commandé le bon repas. Mais enfin, tout cela n’est que le prologue d’une longue et belle histoire, façon comédie romantique sur les bords mais avec une vraie réflexion plus profonde qu’il n’y parait, autour des choix, de la vie de couple, de la maternité, de la fluctuation des sentiments, des relations familiales plus largement et bien sûr de ce qui est le véritable héros invisible du scénario : le temps.
Julie (en 12 chapitres) aborde le temps sous différents angles. La nature fragmentée de sa structure littéraire nous permet de ressentir les années qui glissent entre les doigts de Julie, tandis que la focalisation des meilleurs chapitres place des moments isolés sous un microscope pour voir comment certaines nuits peuvent résonner toute une vie. Dans une séquence remarquable qui devrait résonner chez tous ceux qui se sont déjà posé cette fameuse question « et si j’arrêtais tout pour vivre ailleurs avec mon amoureux ou mon amoureuse », le temps lui-même s’arrête complètement dans tout Oslo alors que Julie traverse la ville en courant d’un homme à un autre. C’est le fantasme romantique par excellence qui suinte au cœur de ce film avec cette aspiration : choisir sans conséquence. Mais comme le souligne Trier : « Julie est une jeune femme spontanée, qui croit qu’on peut changer de vie à sa guise et qui recherche ça, puis qui se retrouve un jour confrontée aux limites du temps et à celles de chacun y compris les siennes. Il n’y a pas un nombre infini d’opportunités dans une existence. » Et puis il y a toutes ces références nostalgiques sur un temps passé où la culture notamment passait par les objets que l’on touchait, que l’on possédait. Bien avant que les écrans, les réseaux, le plateformes numériques emportent (presque) tout sur leur passage… Mais Julie justement est une fille de son temps, génération zapping, et qui a donc grandi avec tout ça, ayant même connu le portable ouvert sur la table de classe pour suivre les notifications instantanées pendant que le prof faisait cours.
Quelques mots sur Julie justement ou, plutôt à vrai dire, de la lumineuse Renate Reinsve qui trouve là son premier grand rôle au cinéma (on pourra noter qu’elle apparaissait déjà dans Oslo, 31 août il y a 10 ans). À 33 ans elle éblouit par son talent et son charisme et pourrait tout à fait accueillir lors du palmarès un joli prix d’interprétation féminine qui lui irait à merveille. Mention aussi pour les divers aspects techniques, réalisation, montage et surtout photo qui offre à ce scénario un écrin admirable.
Dans cette belle romance contemporaine, Julie peut sans doute se sentir comme « la pire personne au monde » de temps en temps (traduction du titre original – un titre éminemment moins poétique évidemment), et elle peut même le faire ressentir là quelques-uns de ses proches pendant une minute ou deux, mais il n’y a semble-t-il pas de meilleur moyen pour elle de parvenir à être vraiment celle avec qui elle peut vivre. Et sa tendresse et son authenticité viennent de toute façon contrecarrer cette bien mauvaise qualification sur sa personne. L’ultime plan du film d’ailleurs le montre bien… Mais pour Joaquim Trier, il était important de la montrer avec ses bons et ses mauvais côtés. Il l’explique ainsi : « Je suis fan d’une approche humaniste de la dramaturgie, quand on peut montrer les conflits intérieurs des personnages, leur effort pour bien se comporter et parfois leur échec à y parvenir, un peu comme nous tous. »
Pour conclure, Julie (en 12 chapitres) est un film à regarder comme on lit un bon livre qui fait du bien sur une plage en été, mais qui pourra aussi se relire pour analyser un peu plus encore et se laisser interpeller.
Comment une simple image fixe peut-elle bouleverser la mémoire d’une femme, réveiller un pays, interroger notre rapport au temps et au deuil ? C’est le point de départ du nouveau film documentaire de Dominique Cabrera.
Une comédie dramatique qui s’inspire librement de l’affaire Bettencourt. Le film de Thierry Klifa explore les dynamiques de pouvoir, de solitude et de trahison au sein de la haute bourgeoisie française. En salles le 29 octobre.
La Petite Dernière, réalisé par Hafsia Herzi, interroge notre époque, nos appartenances, et le lien complexe entre foi, identité et liberté. Nadia Melliti a reçu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour son rôle dans le film.
Les cavaliers des terres sauvages, en salles le 22 octobre, nous transporte en Argentine dans l’univers des "gauchos". Un film poétique, primé à Sundance pour sa beauté visuelle et son souffle narratif.
Robert Finley, l’âme brûlante du blues et du gospel, revient avec "Hallelujah ! Don’t Let the Devil Fool Ya". Huit titres enregistrés dans la ferveur d’un studio de Nashville, où chaque riff devient un acte de foi et chaque souffle un rappel : ne laissons pas le diable nous tromper.
La gratitude est-elle un muscle ou un trait de caractère ? Quels sont réellement les bienfaits de la reconnaissance pour nos vies ? Réponses d'experts.
Un contenu proposé par Quart d'heure pour l'essentiel
Le 15 novembre, l’Espace Gruyère de Bulle accueillera plus de 2 000 participants pour One’ 2025. Témoignages, conférences, stands et louange rythmeront cette journée placée sous le thème « Unis par Celui qui nous rassemble ».
À Marseille, la déprogrammation de dernière minute du film « Sacré-Cœur » par la mairie a provoqué une vive polémique sur la liberté d’expression et la laïcité. Quelques jours plus tard, la justice a rétabli le droit fondamental à la diffusion artistique, tandis que le film poursuit son impressionnant succès en salles.
Nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Nous le faisons pour obtenir des statistiques de visites et améliorer l'expérience de navigation. Consentir à ces technologies nous autorisera à traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Ne pas consentir ou retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines fonctionnalités.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.