Cannes s’est ouvert, avec ses tapis rouges (et oui, il y en a plusieurs !), ses flashs et ses robes spectaculaires (même si la réglementation revoit cela à la baisse). Le clinquant est au rendez-vous, c’est certain. Mais au-delà du décorum se joue quelque chose de plus profond. Chaque année, des cinéastes venus du monde entier offrent, à travers leurs œuvres, bien plus que du divertissement : ce que j’aime appeler une « lecture sensible du monde ». Car le cinéma, lorsqu’il se fait art, devient une parabole contemporaine.

Comme Jésus racontait des histoires pour dire l’indicible, les films donnent chair à nos contradictions, nos quêtes, nos fragilités. Ils interrogent le mal, la justice, l’espérance, la dignité. Ils ébranlent, suscitent la compassion, ouvrent des brèches.

À Cannes, les récits projetés ne sont pas neutres. Ils prennent position, posent des diagnostics, tracent parfois des chemins de traverse. Dans la violence d’un exil, l’épreuve du deuil, la lutte pour exister, il arrive que perce une lumière. C’est là que foi et culture peuvent se rencontrer : non dans un discours plaqué, mais dans l’écoute, le discernement, la conversation.

Pour les chrétiens, Cannes est aussi un laboratoire spirituel. Un lieu où le monde parle, où des visions s’affrontent, où la grâce affleure parfois là où on ne l’attend pas. Encore faut-il prendre le temps de regarder, d’écouter, de déchiffrer.

Le cinéma n’est pas un luxe futile. Il est, pour qui veut bien l’accueillir, un outil de lucidité, une invitation à la responsabilité, un ferment de dialogue. Alors oui, sous les paillettes, il y a des paroles à recevoir. À nous de les entendre.

Jean-Luc Gadreau, pasteur et responsable éditorial à la radio, pour « L’œil de Réforme »

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