Drame musical, comédie musicale, opéra, thriller, brûlot politique, film de gangsters … , le nouveau film, brillantissime, de Jacques Audiard s’inscrit dans une filmographie qui a souvent mêlé cinéma de genre et cinéma d’auteur.
Pendant deux heures le spectateur est emporté par l’histoire folle d’un narcotrafiquant mexicain richissime qui veut à tout prix accomplir son désir intense de devenir une femme. A un rythme fou, multipliant les rebondissements, ce film en espagnol – Audiard lui voulait un côté tiersmondiste, loin d’un anglais hollywoodien – est également politique ; il dénonce vigoureusement des années de dictature et de violence au Mexique, la cruauté des trafiquants de drogue et le malheur de la population. Dès le tout début, le réalisateur pointe en musique la justice corrompue, tandis que Rita, l’avocate, noire, prépare une plaidoirie au profit de son confrère blanc qui fera acquitter un assassin ; un ballet de femmes de ménages évoque la pauvreté et la mort omniprésente. Les dialogues, simplement parlés, parlés-chantés, parfois déclamés ou accompagnés de chansons, participent de l’action. Des […]