Un film sur cette période « hors du temps » que fut le premier confinement du printemps 2020, celle où tout s’arrêtait et où l’on ne savait presque rien sur la Covid 19. Olivier Assayas raconte une retraite confortable de quatre intellectuels parisiens dans une belle maison de campagne avec grand parc et terrain de tennis, des conditions de rêve qui feront peut-être grincer des dents les spectateurs qui ont moins bien vécu cette période.

Les inquiétudes, les différences d’appréhension des risques, les précautions, sans doute inutiles avec le recul, consistant à laisser les courses alimentaires quatre heures avant d’y toucher, tout cela est très bien rendu, ainsi que les conflits que les peurs engendrent entre ceux qui craignent les bactéries (les provisions devant la porte) et ceux qui sont terrorisés par le Coronavirus.

Mais au-delà des anecdotes sanitaires, le film raconte une autre histoire : comment deux frères peuvent-ils vivre, dans leur ancienne maison familiale, une vie commune qu’ils n’avaient plus connue depuis leur enfance, c’est-à-dire depuis plus de vingt ans ? Les souvenirs remontent, leur goût commun de la musique les rassemble mais, en même temps, leurs caractères différents, leurs expériences, la vie qu’ils ont vécue en font, sinon des étrangers, en tout cas des personnalités qui souvent s’affrontent, et cette analyse psychologique est remarquablement mise en scène par Assayas. Les longs dialogues acérés, déjà présents dans Doubles vies, pourront […]