Dans l’Angleterre de l’époque Tudor, baignée de sang, Katherine Parr (Alicia Vikander), sixième et dernière épouse du roi Henri VIII (Jude Law), est nommée régente alors que le tyran Henri se bat à l’étranger. Katherine a fait tout ce qu’elle pouvait pour promouvoir un nouvel avenir fondé sur ses convictions protestantes radicales. Lorsqu’un roi de plus en plus malade et paranoïaque revient, il tourne sa fureur contre les radicaux, accusant l’amie d’enfance de Katherine de trahison et la brûlant sur le bûcher. Horrifiée et en deuil, mais forcée de le nier, elle se retrouve à lutter pour sa propre survie.

Adapté du livre éponyme d’Elizabeth Fremantle, le film du réalisateur brésilien-algérien Karim Aïnouz bouscule les conventions du film d’époque et revisite l’histoire. Il s’agit bien d’une œuvre de fiction qui s’appuie sur l’histoire de Katherine Parr et s’inspire de l’Histoire plus large de cette période anglaise. Le cinéaste prend donc pas mal de liberté avec la vérité, surtout en ce qui concerne la mort d’Henry, mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, ni une raison de perdre la tête. « L’Histoire nous raconte quelque chose, surtout à propos des guerres et des hommes. Pour le reste de l’humanité, à nous de faire des conclusions souvent hasardeuses ».

Dès son panneau d’ouverture, le protocole du récit est clairement établi. Il s’y ajoute alors la voix off d’une jeune princesse qui situe les personnages et le contexte pour devenir aussi la récitante de ce jeu de la Reine sui va se jouer devant nos yeux.

Et tout commence par un tableau magnifique, dans une clairière, avec une sorte de « prédication au désert » à la manière de ces récits cévenols où des pasteurs huguenots répandaient la parole de Dieu dans des lieux cachés, par des messages percutants et audacieux.

Ici, c’est une femme qui parle ! Une activiste protestante, Anne Askew (Erin Doherty), amie d’enfance de Katherine. Mais revenons encore sur Henri VIII alias Barbe Bleue, alias le roi ogre (sympathique surnom, le célèbre roi d’Angleterre qui a convolé en noces par six fois… telle une vraie star hollywoodienne avant l’heure. Il en a fait annuler un, a fait décapiter deux de ses épouses et a fini par devenir l’homme le plus paranoïaque qui soit. Mais finalement une femme lui a survécu, ainsi qu’à son règne de terreur : Katherine Parr.

Avec deux performances formidables d’Alicia Vikander et d’un Jude Law totalement méconnaissable – qui fait constamment retenir son souffle aux spectateurs telle sa performance est forte mais surtout repoussante dans son essence – c’est une vitrine royale qui nous est offerte et qui apporte tension et courage à l’écran. Les costumes de Michael O’Connor, le design de production d’Helen Scott et la musique de Dickon Hinchliffe, ajoutent à la qualité du film.