Avant lui auparavant, de grands noms évidemment du cinéma tels que Jodie Foster, Jeanne Moreau, Bernardo Bertolucci, Manoel de Oliveira, Jane Fonda ou Agnès Varda, ont été honorés de la même manière par le prestigieux festival.
L’acteur hollywoodien s’est produit pour la première fois à Cannes en 1988 et a reçu le prix du meilleur acteur pour sa prestation dans le film Bird de Clint Eastwood, où il incarnait le saxophoniste de jazz Charlie « Bird » Parker.
Habitué de Cannes, Whitaker et ses films ont figuré six fois dans la sélection officielle du festival et quatre fois en compétition, avec Bird, A Rage in Harlem de Bill Duke, Body Snatchers d’Abel Ferrara et Ghost Dog : La Voie du samouraï de Jim Jarmusch.
Mais sa présence à Cannes ne se déroulera pas uniquement dans les honneurs et le souvenir de films passés. Elle passera aussi par le grand écran, comme producteur, cette fois-ci, du remarquable documentaire For the Sake of Peace – Au nom de la paix, réalisé par Christophe Castagne et Thomas Sametin. Le film sera en projection spéciale le 18 mai, mais quelques journalistes ont pu déjà en profiter avant même que le festival ne s’ouvre officiellement, en toute première séance mardi matin. Ayant eu ce privilège, je peux vous en dire quelques mots.
For the Sake of Peace nous transporte au Soudan du Sud, le plus jeune État au monde. Un pays en guerre avec lui-même, avec plus de 350 000 personnes tuées depuis sa création en 2011. Pourtant, à travers cette obscurité et ces conflits à répétition, un espoir luit : la détermination de jeunes, femmes et hommes, qui refusent de renoncer à la Paix. Gatjang, un arbitre dans un camp de déplacés de Juba, utilise le sport pour transmettre une culture de la paix aux enfants et aux jeunes de tribus qu’oppose une hostilité tenace. Nandege, elle, une jeune mère, réussit à s’imposer contre toute attente en médiatrice talentueuse dans le règlement d’un conflit meurtrier qui oppose les communautés de la vallée de Kidepo depuis des générations. À travers leurs histoires, nous prenons conscience des chemins offerts à notre Humanité ainsi qu’à leur résonance.
Ouvrir un festival, alors que la guerre fait rage non loin de nous, par un véritable hymne à la paix ne pouvait être une meilleure façon pour moi de commencer.
Le football pour pacifier les consciences, respecter les règles, accepter la défaite et dépasser les enjeux d’un côté et l’énergie et la force stupéfiante d’un « petit bout de femme » qui ose se lever et défier les chefs de guerre pour les conduire à la repentance, le pardon et la paix, de l’autre. Un homme et une femme, deux « artisans de paix » tels que sans doute nous sommes tous appelés à ressembler, bouleversent et donnent la force d’espérer.
Un film avec de magnifiques images, un montage excellent et des moments d’émotions fortes. Je pense par exemple à cette scène dans une église ou le chant monte en réponds d’hommes et de femmes, telle une prière pour la situation et l’horreur de leur situation. Un cri vers Dieu pour qu’il intervienne… ce que nous verrons se produire par l’intermédiaire de ces deux jeunes sud soudaniens. Je pense aussi à cette scène à double niveaux avec Gatjang et une séance de pénaltys mémorable pour remporter le tournoi de l’unité et la conférence pour la paix menée par Nandege où chaque prise de parole fait en quelque sorte écho à l’un des tirs au but.
Un Festival qui commence donc, une fois encore, de la plus belle des manières pour le journaliste protestant que je suis.
S’y ajoute le discours d’ouverture et d’envergure du président du Jury, Vincent Lindon, laissant espérer un palmarès audacieux et affirmé. Tout pour me donner particulièrement envie de vivre cette quinzaine en espérant entendre, en reprenant ses mots, « le doux murmure de la vie et de l’espoir » dans la suite de ce film que je vous recommande de ne pas rater à sa sortie.