C’était il y a cent ans : l’Irlande, secouée par une guerre civile acharnée, obtenait le statut d’État. Mais ce n’était pas en tant que république, comme l’avaient espéré les révolutionnaires : une nouvelle ère commençait sous l’étiquette ambiguë de l’État libre d’Irlande. Le 6 décembre 1922, les députés irlandais se rassemblaient pour prêter un serment d’allégeance au roi George V. Le nouvel État avait en effet encore le statut de dominion de l’Empire britannique. Il s’agissait d’un des compromis entérinés par le traité anglo-irlandais de décembre 1921, mettant fin à la guerre d’indépendance en Irlande qui avait duré 3 ans. Parmi les accommodements consentis à la puissance impériale, une disposition prévoyait également le maintien sous autorité du Royaume-Uni de six comtés à majorité protestante dans la juridiction d’Irlande du Nord.

L’Irlande du Nord se séparait ainsi de l’État libre d’Irlande qui se réduisait donc aux 26 comtés de l’Irlande du Sud. Les débats au parlement irlandais le 6 décembre, boycottés par une partie des députés, montrent que l’allégeance au roi a été donnée sous la contrainte. Le lendemain, un député était assassiné à Dublin par des hommes opposés au traité. En représailles, le nouveau gouvernement irlandais exécutait quatre prisonniers anti-traité. Depuis 2012, et l’anniversaire du “Home Rule”, loi de 1912 accordant une certaine autonomie à l’Irlande mais contestée à la fois par les unionistes et les autonomistes, l’Irlande fait face à son passé mouvementé du début du 20e siècle.

Schisme

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