Chaque culture possède son propre calendrier. Si 2020 fait l’unanimité aujourd’hui c’est grâce à l’hégémonie économique de l’Occident qui a imposé son mode de calcul au monde entier.
Au Japon nous sommes entrés dans l’ère Reiwa (belle harmonie), depuis le 1er mai dernier et l’avènement du nouvel empereur, descendant de la déesse Amaterasu. Selon le calendrier juif, nous sommes en 5780 (depuis la Genèse) et selon le calendrier musulman en 1442 (l’hégire, départ de Mahomet pour Médine).
Tous les calendriers ont une signification religieuse qui fait commencer l’histoire de leurs peuples à la création du monde, l’apparition ou la naissance d’un dieu, d’un prophète… Chez les chrétiens, le calcul du temps a été particulièrement compliqué à mettre en place.
Mettre de l’ordre C’est Jules César qui fit appel à un astronome grec, Sosigène, pour remédier au désordre qui régnait alors à Rome. Celui-ci mit au point le calendrier dit julien, qui fixe l’année commune à 365 jours, selon le mouvement de la Terre autour du Soleil. Comme on savait que le cycle complet le dépassait un peu, on ajouta un jour tous les quatre ans au mois de février qui était le dernier mois de l’année chez les Romains.
Ce cycle julien était encore trop long de 11 minutes et 14 secondes, ce qui entraîna, au bout de quatre siècles seulement, déjà trois jours de retard sur les saisons. En 325, le concile de Nicée voulut fixer le jour de Pâques à l’équinoxe de printemps, mais les clercs se rendirent compte assez vite qu’un jour Pâques aurait lieu au cœur de l’été en raison du cycle julien trop court par rapport au cycle réel de la Terre. C’est 20 ans après le concile de Trente (qui ne s’est donc pas seulement préoccupé de contre-Réforme) que le pape Grégoire XIII fait suite à l’une de ses recommandations et convoque un collège de savants en 1582.
À l’issue de leur travail naît le calendrier grégorien : on retranche 10 jours à l’année en cours et le 29 février sera supprimé les années bissextiles tous les 400 ans. Il n’y a pas eu de 29 février ni en 1600 ni en 2000.
Science et religion
Initiée par le pape, cette réforme s’est d’abord mise en place dans les pays catholiques. En France, Espagne et Portugal, le calendrier grégorien fut appliqué dès 1582. Chez les autres, cela prit plus de temps : en 1700 seulement chez les États protestants d’Allemagne, de Suisse et des Pays-Bas et en 1752 en Suède et en Angleterre. Chez les orthodoxes plus tard encore, puisque ce ne fut qu’en 1918 en Russie et en 1923 en
Grèce. Aujourd’hui les dates des grandes fêtes ne sont toujours pas communes : les orthodoxes ont gardé le calendrier julien et vont fêter Noël le 7 janvier, Pâques le 2 mai au lieu du 19 avril chez les autres chrétiens.
Quant à l’année, chacun sait que l’an 1 suit celui de la naissance du Christ. Cette date a été calée au VIe siècle par le moine Denys le Petit, d’après les incertains « évangiles de l’enfance ». Aujourd’hui, la plupart des historiens placent cette naissance plutôt à la fin du règne d’Hérode le Grand mort en 4 av. J.-C. Jésus serait donc né cinq ou six ans avant lui-même… Les évangélistes ont laissé peu d’indices, car ce qui était
important pour eux était d’annoncer l’événement lui-même et surtout le message. Il reste que le monde entier, quelles que soient les convictions des populations, s’accorde aujourd’hui sur un calendrier calculé d’après la date supposée de la naissance du Christ par un moine érudit du VIe siècle et amendé par un pape du XVIe siècle. Une facétie de l’histoire.