Alain Corbin a le chic pour traiter de sujets originaux (cf. son Histoire du silence et son Histoire des émotions).

Le repos, qu’est-ce que c’est ? Une thérapie contre la fatigue ? Une quiétude qui vous donne un avant-goût de la vie éternelle ? Une forme de sagesse qui refuse les agitations et les divertissements de ce monde ?  Ou bien au contraire un moment d’ennui, de spleen, de mélancolie et de dépression ?

La manière de voir le repos a évolué au cours des âges. Le repos (du sabbat puis du dimanche) a l’avantage d’avoir été un jour consacré à Dieu, une mémoire du Jardin d’Eden et une préparation du repos éternel paradisiaque.

Dans les pensées de Pascal, de Montaigne, de La Bruyère, et du quiétisme de Fénelon, le repos est vu comme une manière de refuser, à l’image de Marie assise aux pieds du Seigneur, l’agitation des Marthe qui se soucient du monde. Mais Bossuet, et aussi La Rochefoucauld considèrent à l’inverse que lorsqu’on se relâche, le sommeil, la mélancolie (l’acédie) et les pensées impures vous prennent.

Le repos peut aussi être considéré comme une retraite, comme celle de Charles-Quint et aujourd’hui de Benoît XVI. Le repos de la vieillesse est le temps du « désabusement ». Mais pour les nobles du temps de Louis XIV et de sa Cour, le repos sur ses terres de province est le signe d’une disgrâce.

Le repos peut aussi être vu comme […]