L’Assemblée nationale a voté à l’unanimité l’élévation au grade de général de brigade du militaire français Alfred Dreyfus le lundi 2 juin, injustement condamné pour des raisons antisémites en 1894, rapporte L’Express, via l’AFP. Cette proposition de loi a été portée par Gabriel Attal, constituant un « acte de réparation » dans la continuité de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus après avoir été innocenté en 1906. « Par notre vote, la République va réparer une erreur, celle que l’officier Dreyfus dut subir en 1906 », confirme le député Renaissance du Bas-Rhin Charles Sitzenstuhl, également rapporteur du texte.
Une revalorisation qui intervient avec près de 120 ans de retard
Ce dernier voit par ailleurs ce texte comme l’occasion de donner à l’officier de l’armée française le « grade qui lui revenait de droit » après avoir été innocenté par la Cour de cassation il y a maintenant près de 120 ans. Le principal concerné avait d’ailleurs fait les démarches pour que sa carrière soit revalorisée. Celles-ci n’ont jamais abouti et il quitte l’armée en 1907, mais la rejoint de nouveau au cours de la Première Guerre mondiale.
Une mesure symbolique contre l’antisémitisme
Pour la ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants Patricia Mirallès, qui s’est exprimée sur X, « ce geste prend un relief tout particulier à l’heure où les actes antisémites connaissent une inquiétante progression ». Une déclaration qui intervient après les dégradations causées à coup de jets de peinture verte sur plusieurs monuments de la communauté juive à Paris, dont fait partie le Mémorial de la Shoah, dans la nuit du vendredi 30 au samedi 31 mai.
Craintes sur l’instrumentalisation de la mémoire d’Alfred Dreyfus
La proposition de loi a été votée unanimement par les 197 députés présents à l’Assemblée nationale le 2 juin, et doit passer prochainement devant le Sénat. Cependant, certains représentants des Français au Parlement ont exprimé des réserves quant à la question du moment auquel le vote de ce texte a eu lieu, selon France 24. Les députés du MoDem (Mouvement Démocrate) ont en effet boycotté le texte et se sont fendus d’une tribune publiée dans Le Figaro le 31 mai au sein de laquelle ils mettent en garde contre la potentielle instrumentalisation de l’affaire Dreyfus et de la mémoire du militaire français.