La tragédie de Racine s’inspire du livre biblique du même nom : l’histoire d’une jeune femme qui a frôlé la mort afin que son peuple vive. Jouée pour la première fois en janvier 1689, cette pièce a été écrite pour le collège de jeunes filles de Saint-Cyr(1).
Bible et littérature
L’auteur réussit à y faire partager son amour de la Bible tout en faisant de la bonne littérature ! Il doit beaucoup à l’éducation qu’il a reçue à Port-Royal, surtout de Lemaistre de Sacy, le célèbre traducteur de la Bible. Sacy a fait plus que traduire, il a rédigé également une solide introduction qui insiste sur l’action de Dieu dans cette histoire authentique. Il met aussi l’accent sur la force de la vie spirituelle et de l’obéissance des deux personnages principaux, Esther et son oncle Mardochée.
Ainsi, la prière d’Esther montre une jeune femme capable, grâce à sa foi, de vaincre sa peur. Lorsque le chœur se retire, Esther, seule s’abandonne à Dieu. Le passage au tutoiement établit un lien filial entre l’héroïne et son Dieu :
« Ô mon souverain Roi !
Me voici donc tremblante, et seule devant toi »(2).
Une atmosphère biblique
On peut trouver plus de 300 références au texte sacré dans la pièce ! Racine utilise également les noms de la Bible. De plus, il réussit à transporter dans la langue française classique le parallélisme cher à la poésie hébraïque.
On y lit par […]