Légère comme une plume, d’une finesse incroyable, la coupe dite de Calvin a traversé les siècles. Elle sera vendue aux enchères jeudi 10 avril, à l’hôtel Drouot à Paris. Pour Benoît Bertrand, expert du Moyen Âge et de la Renaissance, “c’est un objet symbolique de l’histoire du protestantisme en France”. Mais c’est aussi un très bel objet, ce qui explique que son prix soit estimé entre 20 000 et 30 000 euros. “Il s’agit d’une coupe du XVIe siècle faite à Murano, près de Venise, ou à la façon de Murano. On y faisait les plus beaux verres. Aussi, des artisans étaient débauchés par d’autres ateliers”, raconte l’expert. Très raffinée, la coupe haute de 18 centimètres et large d’autant a été réalisée en verre translucide légèrement jaune. “On ne buvait pas forcément dedans, c’était un objet de prestige, fabriqué entre 1570 et 1580. Les années 1550 marquent un tournant dans la production italienne. Les formes changent et l’on passe de gobelets robustes à des verres transparents, presque aériens”, commente-t-il.
La coupe a aussi une histoire étonnante. “Elle provient d’une famille protestante aristocrate de la Drôme”, relate Benoît Bertrand. La liste de ses propriétaires est établie depuis la fin du XVIe siècle, et elle aurait servi à Calvin pour célébrer la Sainte-Cène en août 1561. Bien que malade et affaibli, le père de la Réforme protestante en France se rendait à […]