Compte-rendu de Jean-Claude Widmann, paru dans la revue LibreSens n°234 de novembre-décembre 2017
Les études concernant l’apport religieux de Luther ne manquent pas. Il n’en est pas de même pour son apport sur le plan de la pensée politique. Or c’est de cela qu’il s’agit dans ce livre. Ce thème est abordé de plusieurs manières, par des auteurs différents.
Le rôle de Luther intervient avec son livre L’appel à la noblesse chrétienne de 1520. Alors il ne s’agit pas pour lui de créer une nouvelle religion, mais de réformer l’Église. Pourquoi la noblesse ? Parce qu’il a pris la mesure du conservatisme des clercs ; alors il se tourne vers les laïcs. C’en est fait de l’Église, institution divine. Pour Luther, l’Église est simplement la communauté des croyants qui n’ont d’autre chef que le Christ. Luther soutient la supériorité des conciles sur le pape, abolit la distinction des laïcs et des clercs, considère la Bible accessible à tous par l’intervention du Saint Esprit. Il prône le mariage des prêtres, la suppression de la messe pour les morts, l’abolition de la canonisation des saints. Il est aussi le défenseur des chrétiens allemands pressurés par le pape. Cela dit, s’il a le souci des pauvres, il leur dénie le droit de se révolter. Il n’a nullement l’idée d’une séparation du religieux et du politique. Il hésite sur la question du droit des hérétiques à s’exprimer publiquement et sur les sanctions qu’il y aurait lieu de leur imposer […]