Hugues Nancy est le réalisateur et co-scénariste avec Adila Bennedjaï-Zou du documentaire « Tuer au nom de Dieu, enquête sur le massacre de la Saint-Barthélemy », diffusé en deux volets mardi 26 août à 21h10 sur France2.

Comment vous est venue l’idée de consacrer un documentaire au massacre de la Saint-Barthélemy du 24 août 1572, au cours duquel des milliers de protestants furent assassinés à Paris et ailleurs ?

Avec ma productrice Patricia Boutinard Rouelle, on aime raconter de manière différente des périodes importantes de l’Histoire ou un sujet présent dans notre inconscient collectif. Beaucoup de gens savent qu’il s’est passé quelque chose le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, mais sans savoir précisément. Les dates symboliques sont intéressantes pour nous. Pour nous, c’est la promesse que les téléspectateurs vont découvrir et apprendre des choses. Selon les enquêtes, nous savons qu’ils ont envie d’apprendre, de comprendre, de découvrir.

Après un premier documentaire sur la Révolution Française, nous cherchions un nouveau sujet, et cela a coïncidé avec la parution de Tous ceux qui tombent (La Découverte, 2021) de l’historien Jérémie Foa. La Saint-Barthélemy était un très beau sujet qui permettait de faire s’interroger les téléspectateurs sans mettre de lien direct sur aujourd’hui.

En quoi la Saint-Barthélemy raisonne-t-elle avec notre époque contemporaine ?

Les lecteurs et lectrices de Réforme risquent d’être un peu surpris par le documentaire car nous n’avons pas travaillé sur la distinction entre les deux religions. Nous avons choisi de décrypter la mécanique de déshumanisation et de dévalorisation de l’autre, au point de pouvoir tuer des hommes, des femmes et des enfants, de les mutiler… Nous avons essayé de comprendre le mécanisme de haine religieuse qui raisonne malheureusement avec des événements contemporains. Jérémie Foa, dans son ouvrage, fait souvent référence au génocide tutsie au Rwanda. Cette haine religieuse qui veut qu’on excommunie, qu’on déteste celui qui a une autre religion est une mécanique encore à l’œuvre aujourd’hui.

Comment avez-vous travaillé avec l’historien Jérémie Foa ?

Ce qui est génial avec Jérémie Foa, c’est qu’il est un très bon pédagogue. Il était un peu amusé par l’idée qu’on puisse adapter son livre. Nous avons épousé son propos qui est de dire que la Saint-Barthélemy n’a pas été préméditée mais préparée par des années de persécution et que pour pouvoir tuer autant de monde il fallait connaître son ennemi, savoir qui ils étaient, où ils vivaient. La révélation que nous reprenons dans le documentaire avec le personnage de […]